Gardez-vous du levain des pharisiens et du levain d’Hérode

En ce temps-là, les disciples avaient oublié d’emporter des pains ; ils n’avaient qu’un seul pain avec eux dans la barque. Or Jésus leur faisait cette recommandation : « Attention ! Prenez garde au levain des pharisiens et au levain d’Hérode ! » Mais ils discutaient entre eux sur ce manque de pains. Jésus s’en rend compte et leur dit : « Pourquoi discutez-vous sur ce manque de pains ? Vous ne saisissez pas ? Vous ne comprenez pas encore ? Vous avez le cœur endurci ? Vous avez des yeux et vous ne voyez pas, vous avez des oreilles et vous n’entendez pas ! Vous ne vous rappelez pas ? Quand j’ai rompu les cinq pains pour cinq mille personnes, combien avez-vous ramassé de paniers pleins de morceaux ? » Ils lui répondirent : « Douze. – Et quand j’en ai rompu sept pour quatre mille, combien avez-vous rempli de corbeilles en ramassant les morceaux ? » Ils lui répondirent : « Sept. » Il leur disait : « Vous ne comprenez pas encore ? »

Marc 8, 14-21

Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris

Le levain est l’ingrédient qui, enfoui en petite quantité dans la farine, fait lever la pâte pour donner du pain. Jésus a comparé le Royaume de Dieu au levain en raison de la discrétion de son opération, mais dont nous pouvons observer l’action transformante sur ceux qui le recherchent. Le levain du Royaume c’est l’amour, l’amour authentique qui pousse à ne pas se regarder soi-même, mais à être attentif aux désirs des autres et de Dieu et de se donner en leur faveur. C’est l’amour que recherche Dieu qui prend Lui-même soin de ceux qu’il anime à l’instar de la veuve de Sarepta qui a partagé le peu qui lui restait à elle et son fils pour vivre avec le prophète Élie et qui en raison de sa générosité a vu la jarre de farine ne pas s’épuiser et la cruche d'huile ne pas se vider (1 R 17, 9-24). « Ne vous inquiétez donc pas en disant: Qu'allons-nous manger? Qu'allons-nous boire? De quoi allons-nous nous vêtir? Ce sont là toutes choses dont les païens sont en quête. Or votre Père céleste sait que vous avez besoin de tout cela. Cherchez d'abord son Royaume et sa justice, et tout cela vous sera donné par surcroît. » (Mt 6, 31-33). Visiblement, les disciples n’en sont pas encore rendus là, ils discutaient entre eux sur ce manque de pains, d’où la mise en garde de Jésus.

Il existe cependant un autre levain, celui d’Hérode et des pharisiens, le levain des mondains animés par un autre amour : celui du monde et de ce qu’ils peuvent en retirer plutôt que de ce qu’ils peuvent y contribuer, l’amour d’eux-mêmes plutôt que l’amour effectif des autres. Hérode cherchait à voir Jésus (Lc 9, 9) non par désir de conversion, ayant fait décapiter Jean-Baptiste qui l’y avait invité, mais par curiosité. C’est cette même curiosité qui animait les pharisiens dont Marc vient tout juste de rapporter qu’ils cherchaient à obtenir de lui un signe venant du ciel (Mc 8, 11-13). Ils se refusent tellement à vouloir se convertir et changer leur regard que lorsqu’ils sont témoins d’un signe de Jésus ils disent que c’est par le prince des démons qu’il expulse les démons » (Mc 3, 22).

Que dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle ? (Lc 10, 25)

Je travaille à détourner le regard de moi-même et de mes « besoins » pour prendre le regard de Dieu, le regard de l’Amour, et m’adresser prioritairement aux besoins des autres, m’abandonnant à la Providence de mon Père céleste pour veiller à ce que le nécessaire ne me fasse point défaut.