L’Esprit pousse Jésus au désert

Le désert est un lieu de rencontre privilégié pour que l’homme, dépouillé de tout, surtout des distractions, puisse rencontrer Dieu : « Je vais la séduire, je la conduirai au désert et je parlerai à son cœur » (Os 2, 16). Le désert est un lieu de solitude où l’homme est face à lui-même et à Dieu. Le désert est le lieu du détachement, détachement de nous-mêmes, des habitudes qui nous asservissaient. Le désert constitue un lieu de tentations également, dont la tentation de revenir en arrière, particulièrement si la cage qui nous retenait prisonniers était dorée : « Que ne sommes-nous morts par la main de Yahweh dans le pays d'Égypte, quand nous étions assis devant les pots de viande, que nous mangions du pain à satiété ? Car vous nous avez amenés dans ce désert pour faire mourir de faim toute cette multitude » (Ex 16, 3). Le désert n’est pas fait que de négatif, il se veut également un lieu de ressourcement où c’est Dieu Lui-même qui assure la subsistance comme l’a expérimenté collectivement le peuple juif avec la manne, où l’a expérimenté personnellement le prophète Élie : « Mais voici qu'un ange le toucha et lui dit: " Lève-toi et mange! " Il regarda: à son chevet, il y avait une galette cuite sur des pierres chauffées, et une cruche d'eau; il mangea, il but, puis se recoucha. L'ange du Seigneur revint, le toucha et dit: " Lève-toi et mange, car autrement le chemin serait trop long pour toi. " Élie se leva, il mangea et but puis, fortifié par cette nourriture, il marcha quarante jours et quarante nuits jusqu'à la montagne de Dieu, l'Horeb. » (1 R 5-8). Dans ce dernier cas, on peut se questionner à savoir si l’image n’est pas davantage spirituelle que matérielle, puisque nous ne pouvons cheminer vers Dieu si Lui-même ne nous donne la nourriture nécessaire par le secours de ses grâces (obtenues par l’incarnation du Verbe et son sacrifice sur la croix) sans lesquelles nous ne pouvons rien faire (Jn 15, 5)

Que dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle ? (Lc 10, 25)

Je vis la pandémie et les restrictions sociales qui en découlent comme un désert. Je m’efforce d’en profiter pour identifier et essayer de me détacher de ce qui entravait mon cheminement vers le Seigneur. Je fais de ce moment d’épreuve un moment de rencontre avec Dieu qui m’inclinera à repartir, à l’instar des rois mages suite à leur rencontre du Christ enfant, par un autre chemin (Mt 2, 12), plus conforme à la volonté d’amour de mon Père céleste. Je cesse de compter sur moi-même pour avancer vers Dieu, pour ne compter que sur sa grâce, sur ce qu’Il vienne aimer en moi et à travers moi pour m’y conduire.