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Méditations sur les enseignements bibliques pour le quotidien d'aujourd'hui

Souffrance et sainteté

Les saints ont tous le désir de souffrir. (Molinié, M-D o.p., Un feu sur la terre, Réflexions sur la théologie des saints, Pierre Téquis, Paris, 2001, p. 24)

Cette affirmation m’apparaît inexacte. À la suite du Saint par excellence, les saints n’ont pas tant le désir de souffrir que de faire la volonté du Père céleste : « Abba (Père)! tout t'est possible: éloigne de moi cette coupe; pourtant, pas ce que je veux, mais ce que tu veux! » (Mc 14, 36) Rechercher la souffrance, s’imposer la souffrance, révèle un état maladif ainsi que l’a démontré l’évolution des sciences comportementales. Cet état maladif ne se limite pas au plan psychologique, mais s’étend à l’âme où la souffrance auto-imposée risque d’introduire le venin de l’orgueil, la capacité de souffrir suscitant l’admiration de certains, cet orgueil qui détourne de l’Amour.

Faire la volonté du Père céleste implique cependant de devoir subir la souffrance. L’amour est la volonté du Père céleste, un amour qui est don, un don qui implique de renoncer à ses biens et à soi-même en faveur des autres et de Dieu, un renoncement qui engendre inévitablement des souffrances. Ce don relève d’autant plus de l’amour qu’il nous est imposé par les circonstances plus qu’il ne relève d’un choix électif de notre part. Les souffrances non imposées endurées avec amour, par amour, en union avec les souffrances de Jésus crucifié pour le salut du plus grand nombre, se voient attribuer une valeur rédemptrice ainsi que l’affirme l’apôtre Paul :  En ce moment je trouve ma joie dans les souffrances que j'endure pour vous, et je complète en ma chair ce qui manque aux épreuves du Christ pour son Corps, qui est l'Église. (Col 1, 24)

Les saints, s’ils n’ont pas le désir de souffrir, ont le désir que l’Esprit Saint vienne habiter dans leur cœur. La présence de l’Amour dans un cœur pécheur n’est pas sans souffrance, le contact du feu de l’Amour avec le non-amour engendrant de la souffrance d’une manière similaire aux âmes du Purgatoire chez qui le contact avec le Dieu Saint résulte en une souffrance qui ne prendra fin que lorsque leur amour aura été entièrement purifié. La souffrance découlant du péché chez ceux qui ont ouvert leur cœur à l’Esprit d’Amour en cette vie est toutefois très largement inférieure en intensité à ce qu’elle est en l’autre vie par une disposition particulière de Dieu qui veut préserver notre liberté. En effet, si nous devions ressentir toute la douleur inhérente au péché, il ne nous serait plus possible de pécher. Quant à ceux qui ferment leur cœur à l’Esprit, ils ignorent pour le temps présent la souffrance résultant du contact de l’Amour et du non-amour, une souffrance à laquelle ils ne pourront échapper dans l’au-delà et qui, pour certains, se révélera sans fin.

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