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Méditations sur les enseignements bibliques pour le quotidien d'aujourd'hui

À quoi ressemblerait Jésus Christ s’il vivait aujourd’hui ?

À quoi ressemblerait Jésus Christ s’il vivait aujourd’hui ?

Telle est la question qui m’habite depuis une récente discussion avec un ami ou ce dernier disait : « On ne sait pas si Jésus appartiendrait à tel ou tel mouvement qualifié de progressiste par l’opinion populaire ». Cette question n’est pas dénuée d’intérêt puisque nous sommes appelés à rendre présent le Christ dans nos milieux de vie, à reproduire l’existence du Christ dans nos vies et de pouvoir dire à l’instar de l’apôtre Paul : « je vis, mais ce n'est plus moi, c'est Christ qui vit en moi. » (Ga 2, 20). Or comment peut-on reproduire une image que l’on peine à s’imaginer ou, pire encore, dont on s’est fait une fausse représentation ?

 

Dieu étant Amour (1 Jn 4, 8), le Christ étant l’image visible du Dieu invisible, l’amour sera notre guide pour dresser un portrait de ce à quoi pourrait ressembler le Christ s’il habitait parmi nous aujourd’hui, guide auquel s’ajoutera le témoignage de ceux qui l’ont côtoyé et qui se retrouve dans les Évangiles.

 

Disons d’abord que le Christ n’était pas un révolutionnaire. Le Christ n’a pas fait table rase de ce qui existait pour établir un ordre nouveau. Il y avait sûrement de ces contemporains qui avaient d’autres idées sur lui, si bien qu’il s’est senti le besoin de préciser : « N'allez pas croire que je sois venu abolir la Loi ou les Prophètes: je ne suis pas venu abolir, mais accomplir. Car je vous le dis, en vérité: avant que ne passent le ciel et la terre, pas un i, pas un point sur l'i, ne passera de la Loi, que tout ne soit réalisé. Celui donc qui violera l'un de ces moindres préceptes, et enseignera aux autres à faire de même, sera tenu pour le moindre dans le Royaume des Cieux; au contraire, celui qui les exécutera et les enseignera, celui-là sera tenu pour grand dans le Royaume des Cieux. » (Mt 5, 17-19) Par les changements brusques et importants qu’elles amènent, par la persécution de ceux qui cherchent à leur faire obstacle ou encore par le rejet du passé et de la sagesse acquise par l’expérience de ceux qui nous ont précédés, les révolutions sont causes de grandes souffrances contraires à l’amour même si, à l’origine, les objectifs poursuivis peuvent être tout-à-fait légitimes. D’autre part, quiconque enseignerait que certains préceptes des textes sacrés sont obsolètes n’est pas en continuité avec la pensée du Christ qui nous a dit qu’il n’était pas venu abolir mais accomplir.

 

Une des grandes nouveautés que le Christ a amené a été de ne pas identifier le pécheur à son péché ou son corollaire à savoir qu’une personne éprouvée n’a pas nécessairement mérité son sort, qu’il ne faut pas attribuer la cause du mal qui la frappe à un péché qu’elle aurait pu commettre : « À ce moment, des gens qui se trouvaient là rapportèrent à Jésus l’affaire des Galiléens que Pilate avait fait massacrer, mêlant leur sang à celui des sacrifices qu’ils offraient. Jésus leur répondit : « Pensez-vous que ces Galiléens étaient de plus grands pécheurs que tous les autres Galiléens, pour avoir subi un tel sort ? Eh bien, je vous dis : pas du tout ! Mais si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de même. Et ces dix-huit personnes tuées par la chute de la tour de Siloé, pensez-vous qu’elles étaient plus coupables que tous les autres habitants de Jérusalem ? Eh bien, je vous dis : pas du tout ! Mais si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de même. » (Lc 13, 1-5) Si Jésus n’a pas condamné les pécheurs qu’il est venu dans le monde pour sauver, « le Fils de l'homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu » (Lc 19, 10), « Moi non plus, je ne te condamne pas. Va, et désormais ne pèche plus » (Jn 8, 11), il a en revanche dénoncé le péché, particulièrement le péché de ceux qui revendiquaient le titre de représentants de Dieu : « Les scribes et les pharisiens enseignent dans la chaire de Moïse. Donc, tout ce qu’ils peuvent vous dire, faites-le et observez-le. Mais n’agissez pas d’après leurs actes, car ils disent et ne font pas. » (Mt 23, 2-3) Si le Christ revenait dans la chair, on imagine facilement qu’il dénoncerait les péchés des représentants de Dieu dont la conduite fait scandale et celle des autorités qui par leur silence s’en font complices, davantage motivés par la protection de l’institution à laquelle ils appartiennent que celle des plus vulnérables. Si Jésus ne condamne pas le pécheur, il demande toujours en revanche à ses interlocuteurs de cesser de pécher : « Ne pèche plus, il pourrait t’arriver quelque chose de pire. » (Jn 5, 14) En aucun temps Jésus n’a avalisé les péchés de ses contemporains. Condamner le péché tout en étant miséricordieux envers le pécheur voilà un tour de force digne de Dieu et auquel on peut difficilement arriver sans que l’Esprit de Dieu habite notre cœur.

 

Dieu étant Amour, l’amour ne pouvant exister sans liberté, il n’y a pas une ligne dans les Évangiles où le Verbe fait chair ne cherche de quelque manière à contraindre. On le voit même offrir aux apôtres la possibilité de le quitter eux aussi alors qu’une part importante des disciples venait de l’abandonner : « Voulez-vous partir, vous aussi ? » (Jn 6, 67) Jésus, Fils de Dieu, avait un très grand respect de la liberté individuelle qu’il a constamment interpellée à se tourner vers le bien sans toutefois lui imposer une pression quelconque. À titre d’exemple, Zachée, de son propre chef, a proposé de réparer le tort qu’il avait pu faire sans que Jésus ne l’y incite de quelque manière. S’il devait revenir à notre époque, Jésus ne souscrirait pas aux mouvements idéologiques qui cherchent à imposer leur vision au plus grand nombre.

 

Parce qu’il était l’Amour incarné, Jésus s’est refusé à entrer dans des relations de pouvoir, relations de pouvoir qui s’opposent aux relations d’amour auxquelles il est venu demander à notre liberté individuelle de souscrire. Conséquemment, on le voit fuir ceux qui voulaient en faire un leader politique, la politique étant un jeu de pouvoirs : « Alors Jésus, se rendant compte qu'ils allaient venir s'emparer de lui pour le faire roi, s'enfuit à nouveau dans la montagne, tout seul. » (Jn 6, 15) Le refus de Jésus d’intégrer la sphère politique s’accompagne toutefois d’un grand respect des institutions de son époque dont l’obligation de verser des impôts au trésor public : « Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. » (Mt 22, 21) ou encore pour le Temple : Comme ils arrivaient à Capharnaüm, ceux qui perçoivent les deux drachmes pour le Temple vinrent trouver Pierre et lui dirent : « Votre maître paye bien les deux drachmes, n'est-ce pas ? » Il répondit : « Oui. » Quand Pierre entra dans la maison, Jésus prit la parole le premier : « Simon, quel est ton avis ? Les rois de la terre, sur qui perçoivent-ils les taxes ou l'impôt ? Sur leurs fils, ou sur les autres personnes ? » Pierre lui répondit : « Sur les autres. » Et Jésus reprit : « Donc, les fils sont libres. Mais il faut éviter d'être pour les gens une occasion de chute : va donc jusqu'au lac, jette l'hameçon, et saisis le premier poisson qui mordra ; ouvre-lui la bouche, et tu y trouveras une pièce de quatre drachmes. Prends-la, tu la donneras pour toi et pour moi. » (Mt 17, 24-27)

 

Comme s’accomplissait le temps où il allait être enlevé au ciel, Jésus, le visage déterminé, prit la route de Jérusalem. Il envoya, en avant de lui, des messagers ; ceux-ci se mirent en route et entrèrent dans un village de Samaritains pour préparer sa venue. Mais on refusa de le recevoir, parce qu’il se dirigeait vers Jérusalem. Voyant cela, les disciples Jacques et Jean dirent : « Seigneur, veux-tu que nous ordonnions qu’un feu tombe du ciel et les détruise ? » Mais Jésus, se retournant, les réprimanda. Puis ils partirent pour un autre village. (Lc 9, 51-56) Cet extrait des Évangiles illustre éloquemment qu’exercer un pouvoir afin de chercher à contraindre, serait-ce pour une cause qui apparaît bonne en soi, n’est pas une attitude chrétienne, un comportement du Christ et de ceux qui marchent à sa suite qui, dans ce cas précis, se sont faits réprimander, leurs pensées étant encore à ce moment trop humaines bien qu’ils aient côtoyés le Christ depuis déjà un certain temps, n’ayant pas encore été investis par l’Esprit du Christ, ce qui surviendra à la Pentecôte. L’appel que le Christ et son Père font au cœur et à la conscience de chaque humain peuvent sembler dérisoires aux mortels que nous sommes pour faire advenir le Royaume de Dieu sur terre, le règne de l’Amour, et pourtant il s’agit bel et bien de l’unique mode d’agir de Dieu : « Que le méchant abandonne sa voie et l'homme criminel ses pensées, qu'il revienne à Yahvé qui aura pitié de lui, à notre Dieu car il est riche en pardon. Car vos pensées ne sont pas mes pensées, et mes voies ne sont pas vos voies, oracle de Yahvé. Autant les cieux sont élevés au-dessus de la terre, autant sont élevées mes voies au-dessus de vos voies, et mes pensées au-dessus de vos pensées. » (Is 55, 7-9)

 

Si on ne peut s’imaginer voir Jésus intégrer des mouvements incitant les gens à entrer dans des relations de pouvoir, on peut, par contre, sans difficulté le voir adhérer à un mouvement prônant la simplicité volontaire, d’une part, parce que ces mouvements font appel à la liberté individuelle de chacun et que, d’autre part, ils sont une expression de l’amour, le renoncement à soi-même en faveur du bien du plus grand nombre, notamment les générations futures auxquelles la surconsommation actuelle risque de léguer un milieu de vie hostile.

 

Tout mouvement qui a pour effet de diviser, de dresser une partie de la famille humaine contre une autre, si humanistes puissent s’avérer les fins poursuivies tel le rétablissement ou l’inversement du rapport de forces entre persécutés et persécuteurs, un tel mouvement ne peut se réclamer du Christ, un Christ qui était rassembleur : « Jérusalem, Jérusalem, toi qui tues les prophètes et lapides ceux qui te sont envoyés, que de fois j'ai voulu rassembler tes enfants comme une poule rassemble sa couvée sous ses ailes, et vous n'avez pas voulu. » (Lc 13, 34) L’unité constitue un critère pour discerner la conformité d’un mode d’agir à la pensée divine, une unité qui prend son modèle dans l’unité entre le Père et le Fils et que nous sommes appelés à reproduire : « que tous soient un. Comme toi, Père, tu es en moi et moi en toi, qu'eux aussi soient en nous, afin que le monde croie que tu m'as envoyé. Je leur ai donné la gloire que tu m'as donnée, pour qu'ils soient un comme nous sommes un: moi en eux et toi en moi, afin qu'ils soient parfaits dans l'unité, et que le monde reconnaisse que tu m'as envoyé et que tu les as aimés comme tu m'as aimé. » (Jn 17, 21-23)

 

Nous pouvons discuter longtemps sur ce que serait Jésus ou ce qu’Il ne serait pas s’il revenait à notre époque. Une chose est sûre : il serait un priant. Tout Fils de Dieu qu’il était, on le voit constamment en prières, en communication avec son Père, dans les Évangiles. Reviendrait-il sur terre, une terre qui a beaucoup changé depuis son passage, que cela ne changerait pas. Par la prière, par la relation intime avec le Père céleste, on obtient infiniment plus que ce à quoi on peut espérer en reposant sur notre initiative et nos propres forces. Cela était vrai hier, demeure vrai aujourd’hui et le sera demain.

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