Paul apôtre, écologiste avant l’heure

Frères, j’estime, qu’il n’y a pas de commune mesure entre les souffrances du temps présent et la gloire qui va être révélée pour nous. En effet, la création attend avec impatience la révélation des fils de Dieu. Car la création a été soumise au pouvoir du néant, non pas de son plein gré, mais à cause de celui qui l’a livrée à ce pouvoir. Pourtant, elle a gardé l’espérance d’être, elle aussi, libérée de l’esclavage de la dégradation, pour connaître la liberté de la gloire donnée aux enfants de Dieu. Nous le savons bien, la création tout entière gémit, elle passe par les douleurs d’un enfantement qui dure encore. Et elle n’est pas seule. Nous aussi, en nous-mêmes, nous gémissons ; nous avons commencé à recevoir l’Esprit Saint, mais nous attendons notre adoption et la rédemption de notre corps.

Lettre de Paul apôtre aux Romains 8, 13-23

Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris

Alors que les générations qui nous ont précédés ont pu lire ce texte en n’y voyant qu’un sens figuré, nous avons le « privilège », si je puis m’exprimer ainsi, d’en contempler la pertinence au sens littéral. La Parole de Dieu est intemporelle, d’abord et avant tout révélatrice du Dieu UN et trine, qui est Amour, et de sa Volonté de voir son œuvre évoluer vers sa perfection, notamment de rassembler ses enfants autour de Lui dans son Royaume. Si la Parole de Dieu a pour finalité Dieu, d’illustrer de manière perceptible par l’intelligence des réalités qui échappent aux sens, son historicité, sa matérialisation dans le temps est secondaire. Bien que le sens soit le moteur de la Parole cela n’exclut pas pour autant que les événements décrits puissent avoir eu lieu ou soient susceptibles de survenir, bien au contraire ! Les Évangiles, récit du passage du Verbe fait chair sur terre pour révéler Dieu en plénitude et nous le présenter comme Père, de sa passion et de sa mort sur la croix qui démontrent l’amour infini de Dieu pour nous et enfin de sa résurrection qui atteste qu’il y a une Vie après la vie, les Évangiles donc, ont une valeur historique bien que leurs auteurs aient pu prendre quelque liberté eu égard à certains détails.

Pour revenir au texte de Paul, nous pouvons en apprécier aujourd’hui la valeur prophétique alors que l’esclavage de la dégradation auquel est soumise la création dont il parle est physiquement observable. Non seulement Paul évoque-t-il le phénomène, mais il en donne La cause, la création a été assujettie à la vanité (traduction des bibles Crampon et de Jérusalem qui m’apparaît plus appropriée), à l’orgueil qui pousse les humains à consommer plus que nécessaire, et en donne aussi La solution, la création attend avec impatience la révélation des fils de Dieu, que nous ouvrions davantage nos cœurs à l’Esprit Saint pour qu’il vienne aimer en nous et à travers nous et ainsi manifester la gloire du Dieu Vivant qui n’est pas autre chose que le rayonnement de sa sainteté, de son Amour. Plus nous avançons dans le temps, plus il devient évident que « le troisième millénaire sera spirituel ou ne sera pas » (citation imputée à Malraux, mais dont l’origine est contestée)

Que dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle ? (Lc 10, 25)

J’ouvre mon cœur à l’Esprit Saint pour qu’Il vienne aimer en moi et à travers moi, avec l’espérance que, l’amour étant contagieux, d’autres soient « contaminés » par l’Amour, et qu’ils en attirent d’autres encore dans leur sillage et que nous atteignons un jour une masse critique suffisante pour stopper la spirale de dégradation dans laquelle nous sommes engagés et, plus important encore que le salut temporel, nous parvenions tous ensemble au salut éternel en raison de la force de notre amour.