Qui perd sa vie à cause de moi la gardera

En ce temps-là, Jésus dit à ses disciples : « Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive. Car celui qui veut sauver sa vie la perdra, mais qui perd sa vie à cause de moi la gardera. Quel avantage, en effet, un homme aura-t-il à gagner le monde entier, si c’est au prix de sa vie ? Et que pourra-t-il donner en échange de sa vie ? Car le Fils de l’homme va venir avec ses anges dans la gloire de son Père ; alors il rendra à chacun selon sa conduite. » Amen, je vous le dis : parmi ceux qui sont ici, certains ne connaîtront pas la mort avant d’avoir vu le Fils de l’homme venir dans son Règne. ».

Matthieu 16, 24-28

Extrait de la Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris

Augustin d’Hippone, sûrement inspiré par cet extrait de l’Évangile de Matthieu, a posé le constat suivant : « Deux amours ont constitué deux cités : l’amour de Dieu jusqu’au mépris de soi, l’amour de soi jusqu’au mépris de Dieu. » Chacun d’entre nous est confronté à chaque instant à ce choix fondamental à effectuer à savoir quel amour va guider notre conduite. L’amour de Dieu est don, ce qui est crucifiant pour une chair encline à satisfaire prioritairement ses besoins, voire ses désirs. Il y a donc une souffrance inhérente à l’amour inspiré par Dieu, un Dieu qui a accepté de supporter le sacrifice de la Croix pour démontrer son amour infini et pour nous rendre capables d’aimer plus et mieux en nous léguant en héritage son Esprit, lien d’amour entre le Père et le Fils, désormais lien d’amour entre nous et le duo Père-Fils. Quand nous cherchons à éradiquer la souffrance de nos existences, voire abréger prématurément nos existences pour éviter de souffrir, nous refusons tacitement de marcher dans les pas du Christ, chemin qui conduit vers le Père. Qui perd sa vie à cause de moi la gardera. Il ne s’agit pas ici de chercher la souffrance de manière maladive, mais de supporter avec amour, par amour, les croix qui se présentent infailliblement à nous, plus encore, d’offrir la souffrance qui leur est inhérente pour le salut du plus grand nombre, en union à l’offrande de Jésus à son Père sur la croix

Que dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle ? (Lc 10, 25)

Je ne cherche pas la souffrance, mais je l’accepte par amour de Dieu et du prochain, ce prochain pour lequel j’offre mes souffrances tant physiques que psychologiques, dans l’offrande de Jésus pour que l’Amour en moi se retrouve aussi éventuellement en ce prochain et que tous deux nous cheminions vers le Père, à la suite de Jésus.