Action divine et foi

Dieu s’est fixé comme limite de respecter notre liberté d’adhérer à Lui ou non et la raison en est fort simple : il ne peut y avoir d’amour sans le don libre de soi-même. Aussi, son action dans la vie de tous les jours demeure-t-elle toujours voilée, Il ne donne pas de preuve indubitable de son action et de son existence, pas même à Moïse qui Lui en fait la demande : « tu ne peux pas voir ma face, car l'homme ne peut me voir et vivre » (Ex 33, 20).

Dieu agit à n’en pas douter dans l’existence de toute personne et de toute chose car rien ne pourrait conserver l’être si le Créateur ne l’y maintenait. Au-delà de cela, il agit de façon voilée dans la vie de toute personne car, ayant soif de notre amour, Il fait tout pour nous attirer à Lui : « Voici, je me tiens à la porte et je frappe; si quelqu'un entend ma voix et ouvre la porte, j'entrerai chez lui pour souper, moi près de lui et lui près de moi » (Ap 3, 20). Il a même envoyé son Fils, non pas pour ceux qui Lui étaient déjà acquis, mais ceux qui se tenaient loin de Lui : « Ce ne sont pas les gens bien portants qui ont besoin de médecin, mais les malades. Je ne suis pas venu appeler les justes, mais les pécheurs » (Mc 2, 17). Cependant, chacun peut voir ce qu’il veut dans ces interventions habituelles de Dieu dans notre quotidien : les incroyants n’y voient généralement que le fruit du hasard alors que les croyants y voient la main cachée de Dieu.

Que tout se fasse pour vous selon votre foi ! C’est effectivement ce qui se passe, hier pour ces aveugles dont les yeux s’ouvrirent, mais encore aujourd’hui également dans notre quotidien. Il existe un autre niveau de la manifestation de Dieu dans la vie des hommes alors qu’Il peut aller jusqu’à suspendre les lois de la nature, miracles pour les croyants, phénomènes inexpliqués pour les autres. Ces manifestations exceptionnelles sont toujours ordonnées à la foi : foi du récipiendaire potentiel, foi de ceux qui ont intercédé pour lui, foi à éveiller chez ceux qui seront témoins du phénomène observé et seront peut-être amenés à s’interroger sur la possible existence de Dieu. Nous pouvons être assurés que lorsqu’un tel événement se produit, c’est toujours en raison de la foi d’une personne ou d’un groupe de personnes qui, il faut bien le souligner, ne sont pas nécessairement les bénéficiaires directs des bontés de Dieu. Inversement, le manque de foi paralyse l’action divine : « Et il ne fit pas là beaucoup de miracles, à cause de leur manque de foi » (Mt 13, 58). Enfin, n’est-ce que justice de rendre grâce à Dieu pour les bienfaits obtenus et d’en témoigner pour susciter la foi chez les autres, ce que les deux aveugles se sont empressés de faire en dépit de la recommandation contraire de Jésus : à peine sortis, ils parlèrent de lui dans toute la région. Peut-être se sont-ils ainsi mérités le salut à l’instar du seul des dix lépreux revenu rendre gloire à Dieu : « Relève-toi, va; ta foi t'a sauvé » (Lc 17, 18-19) ?