Amour de Dieu et du prochain

Amour de Dieu et amour du prochain sont indissociables : « Si quelqu’un dit: "J’aime Dieu", alors qu’il a de la haine contre son frère, c’est un menteur. En effet, celui qui n’aime pas son frère, qu’il voit, est incapable d’aimer Dieu, qu’il ne voit pas» (1 Jn 4, 20). L’autre est le moyen immédiat, le plus à notre portée, de manifester notre amour de Dieu, de rendre une partie de cet amour que nous avons reçu de Lui, Lui qui nous a aimés le premier (1 Jn 4, 10), amour qui s’accueille, entre autres mais non pas exclusivement, dans le sacrement de l’Eucharistie. Benoît XVI explique au verset 14 de son encyclique Deus caritas est comment l’Eucharistie conduit à l’amour du prochain :

La «mystique» du Sacrement a un caractère social parce que dans la communion sacramentelle je suis uni au Seigneur, comme toutes les autres personnes qui communient: «Puisqu’il y a un seul pain, la multitude que nous sommes est un seul corps, car nous avons tous part à un seul pain», dit saint Paul (1 Co 10, 17). L’union avec le Christ est en même temps union avec tous ceux auxquels il se donne. Je ne peux avoir le Christ pour moi seul; je ne peux lui appartenir qu’en union avec tous ceux qui sont devenus ou qui deviendront siens. La communion me tire hors de moi-même vers lui et, en même temps, vers l’unité avec tous les chrétiens. Nous devenons «un seul corps», fondus ensemble dans une unique existence. L’amour pour Dieu et l’amour pour le prochain sont maintenant vraiment unis : le Dieu incarné nous attire tous à lui. À partir de là, on comprend maintenant comment agapè est alors devenue aussi un nom de l’Eucharistie : dans cette dernière, l’agapè de Dieu vient à nous corporellement pour continuer son œuvre en nous et à travers nous.

All you need is love, chantaient les Beattles en pensant probablement plus à un amour eros qui vise la satisfaction sensible d’un désir, d’une attraction, et qui, si l’on en reste à ce niveau, réduit l’amour à un bien de consommation, qu’à un amour agapè qui est don de soi pour réaliser la communion. Tout ce dont nous avons besoin est bel et bien l’amour mais un amour qui se reçoit (eros) pour ensuite se donner (agapè), un amour tant vertical entre Créateur et créature qu’horizontal entre enfants adoptifs d’un même Père, un amour de Dieu et un amour du prochain desquels dépendent toute la Loi et les Prophètes (Mt 22, 40).