Annonciation

Événement unique que celui de l’annonce faite à Marie que le Verbe se fera chair en son sein. S’il n’y a qu’un premier rôle, il y a toutefois une multitude d’appelés à rendre Dieu présent dans le monde par l’accueil de la volonté divine exprimée non par le moyen extraordinaire d’un Ange mais sous le couvert anonyme des événements de l’humble quotidien interprétés à la lumière de la lecture assidue de la Parole consignée dans les textes sacrés. Jésus, lui-même, note que le privilège d’accueillir Dieu dans sa vie ne se limite pas à Marie mais s’étend à toutes les personnes de bonne volonté : « Ma mère et mes frères, ce sont ceux qui écoutent la parole de Dieu et la mettent en pratique » (Lc 8, 21). À chacun est offerte la possibilité de répondre : Voici le serviteur du Seigneur ; que tout se passe pour moi selon ta parole.

Si la Révélation de Dieu se limite à ce qui est consigné dans les textes sacrés, sa Volonté, en revanche, continue de s’exprimer à travers les âges sous le couvert des événements de la vie quotidienne. La vie du croyant devrait être de vouloir ce que Dieu veut. Dieu voulant notre bonheur, nous avons tendance à limiter « ce que Dieu veut » aux événements heureux de notre vie. Or, il n’en est rien. Les épreuves font partie de la stratégie divine pour nous faire grandir dans la foi ou autrement et permettent ainsi d’accéder à un bonheur plus grand que celui qui était le nôtre auparavant et que nous pensons à tort, avec notre vue limitée, qu’il constitue le plus haut niveau à notre portée.

Épictète nous dit que le secret du bonheur est de vouloir ce qui arrive : « N'essaie pas que ce qui arrive arrive comme tu veux, mais veux ce qui arrive comme il arrive, et tu couleras des jours heureux ». Si, au surplus, nous voulons ce qui arrive parce que nous considérons que cela est la volonté de Dieu sur nous, non seulement hériterons-nous d’un bonheur temporel mais d’un bonheur éternel car nous coopérerons à l’action divine sur nous et dans le monde. Certes les événements peuvent à première vue paraître dénués de sens ou dépasser notre compréhension. À Marie également cela est arrivé et elle gardait fidèlement toutes ces choses en son cœur (Lc 2, 51). Comme elle, obéissons aux événements comme parole de Dieu pour nous, les conservant dans notre cœur jusqu’à ce que Dieu daigne nous en dévoiler le sens. Comme elle également pourrons-nous au terme nous faire dire : Bienheureux celui qui a cru en l'accomplissement de ce qui lui a été dit de la part du Seigneur! (Lc 1, 45), non par Élizabeth, mais par Dieu Lui-même !