Choisir

Nous avons constamment à effectuer des choix dans notre vie. Tentons-nous de nous y soustraire, essayons-nous de reporter à plus tard que nous faisons un choix, celui du statu quo, de ne rien faire. Se refuser de choisir, c’est dans bien des cas laisser les autres décider à notre place sans que cela ne soit dans nos meilleurs intérêts. Lors des années 1980, un patron confronté à une baisse importante de son chiffre d’affaires devait mettre à pied deux de ses quatre gérants mais n’arrivait pas à décider lesquels il devait remercier. Aussi, les informa-t-il qu’il devrait en licencier deux dans les mois à venir. Eh bien ! les deux meilleurs employés se sont rapidement trouvés autre chose ailleurs et le fait de ne pas choisir est revenu en fait à choisir de garder les deux gérants les moins bons.

Moïse place le peuple juif devant le choix fondamental que doit effectuer tout homme : entre Vie et mort, entre Amour et égoïsme, entre Dieu et le monde. Le carême est un temps privilégié pour faire des choix, un temps où Dieu accorde des grâces particulières pour nous aider à choisir et surtout vivre conformément au choix effectué pour qui Le choisit. Tout bon vendeur sait qu’il est bien difficile de conclure une vente si l’acheteur n’a pas un sentiment d’urgence quelconque. La perspective d’une mort qui peut survenir inopinément fait ressortir l’urgence d’effectuer ce choix pendant qu’il en est encore temps. Le choix à effectuer doit engager tout notre être et ne pas se limiter uniquement à confesser Dieu des lèvres : « Ce n'est pas en me disant: Seigneur, Seigneur, qu'on entrera dans le Royaume des Cieux, mais c'est en faisant la volonté de mon Père qui est dans les cieux » (Mt 7, 21). Celui qui coupe la poire en deux et se dit croyant mais non pratiquant doit se demander quel choix il fait effectivement, s’il est possible d’aimer quelqu’un sans jamais lui rendre visite, s’il est possible d’aimer en vérité sans un renoncement à soi-même. Tout comme dans la vie du monde, refuser de prendre parti peut se révéler le pire des choix : « Ainsi, puisque te voilà tiède, ni chaud ni froid, je vais te vomir de ma bouche » (Ap 3, 16).

La première question à se poser en ce temps de préparation qu’est le Carême est : Sommes-nous prêts à nous décider, maintenant et de tout notre être, pour Dieu ? C’est un choix fondamental que nul ne peut éluder.