Deux amours

Deux amours se livrent un combat sans merci dans le cœur de l’homme : l’amour de soi qui vise la satisfaction prioritaire de ses désirs et instincts, fut-ce au détriment du bien commun, et l’amour agapè qui trouve sa joie dans la communion et le partage avec les autres et Dieu, dut-il pour cela renoncer à la satisfaction égoïste de ce qui se présente à lui comme un besoin. De l’issue de ce combat dépendent à la fois le bonheur immédiat et éternel, le bonheur individuel et collectif.

S’il y a une joie à satisfaire ses désirs, celle-ci ne saurait être que de courte durée car elle cesse dès que l’on arrive au terme de son objet, point auquel le désir comblé laissera place à un nouveau qui demandera lui aussi à être contenté entraînant celui qui fait une priorité de cette option dans une quête sans fin et une perpétuelle insatisfaction car il y aura toujours quelque chose à expérimenter ou à posséder qui semblera faire défaut au bonheur de celui qui emprunte cette voie.

Autre est la joie de celui qui donne, qui se donne. Son bonheur ne se limite pas au moment du don mais se prolonge dans la plus grande proximité de l’autre et de Dieu que son geste aura créée et dans la satisfaction d’avoir bien agi. Plus encore, le don développe davantage son aptitude à aimer et à être aimé, le préparant ainsi à partager l’existence de Dieu, qui est Amour, lorsque s’ouvriront pour lui les portes de l’éternité.

À tout moment le choix se pose d’acquérir ou de partager davantage. Ce choix n’est jamais irrévocable et demeure ouvert jusqu’à notre dernier souffle ; espoir pour celui qui a erré, appel à la vigilance pour celui qui a choisi la vie…