Méditations sur les enseignements bibliques pour le quotidien d'aujourd'hui
15 Février 2012 Parole du jour
Jugés sur l’amour
Au soir de notre vie, nous serons jugés sur l’amour.
Jean de la Croix, dichos 64
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Si notre capacité à accueillir l’amour et à aimer en retour déterminera notre sort lorsque nous passerons de ce monde vers l’éternité, notre principale préoccupation devrait être de développer celle-ci. Comment cela peut-il se faire ? (Jn 3, 9)
Dans un premier temps, il faut se laisser aimer car comment peut-on donner ce que nous ne possédons point ? Les personnes les plus dures que j’aie rencontrées étaient toutes intransigeantes avec elles-mêmes et ne se pardonnaient pas la moindre erreur, pas plus qu’aux autres d’ailleurs. Fort heureusement, nous pouvons aimer car Dieu nous a aimés le premier (1 Jn 4, 19). Il n’y a qu’à accueillir cet amour qui nous est disponible. Sommes-nous chrétiens que cela peut se faire de plusieurs manières par l’intermédiaire de son Église, notamment par les sacrements puisqu’ils manifestent et communiquent aux hommes, surtout dans l’Eucharistie, le Mystère de la Communion du Dieu Amour, Un en trois Personnes (CEC 1118). Pour ma part, j’aime bien fréquenter le sacrement de Réconciliation qui, en me montrant que Dieu m’aime comme je suis avec toutes mes faiblesses et pauvretés, m’aide à accueillir l’autre avec ses défauts et à lui pardonner, par devoir de réciprocité, jusqu'à soixante-dix fois sept fois (Mt 18, 22). Il faut également se laisser aimer par les autres (qui sont les intermédiaires choisis par Dieu pour nous rejoindre) et accepter le don offert sans discrimination quant à sa valeur ou à la richesse (pauvreté) du donateur. Le don paraît-il insignifiant ou le donateur semble-t-il avoir plus besoin que nous de ce qu’il cède que nous devons nous demander : « Qui suis-je pour refuser à X la joie du don, la possibilité de manifester son amour et par là de progresser vers le salut ? ».
Riches de ce que nous avons reçu, nous avons à le redistribuer car nous n’en sommes pas les propriétaires mais les fiduciaires qui doivent administrer le patrimoine à leur disposition pour la plus grande gloire de Dieu. Chaque fois que nous donnons et pardonnons, particulièrement si cela nous coûte, notre capacité à aimer se développe alors que diminue notre attachement aux choses de ce monde. Il faut répéter constamment le mouvement d’inclinaison du cœur vers l’autre et Dieu afin que celui-ci se mue en disposition durable (habitus), en capacité à aimer. Dans le domaine sportif, on dit qu’il faut répéter un simple geste technique deux mille fois pour qu’il devienne « naturel », combien plus faudra-t-il donner et pardonner pour qu’aimer devienne pour nous une attitude stable, une capacité !
Le processus de développement de l’amour en nous, le programme de toute vie spirituelle qui aspire à la vie éternelle, se trouve pour moi résumé dans cette phrase adressée à Dieu par Augustin d’Hippone : « Donne-moi ce que Tu me demandes et demande-moi ce que Tu me donnes », accueil sans réserve et don total.