Épreuve des faits

La principale preuve de notre amour de Dieu est l’amour que nous avons pour notre prochain. Il est relativement facile et peu dérangeant de confesser notre amour pour un Être immatériel, au surplus discret afin de préserver notre liberté de L’aimer ou non. Beaucoup plus difficile s’avère-t-il d’aimer ceux qui vivent autour de nous et dont l’agir, plus souvent qu’autrement, ne va pas entièrement dans le sens de nos désirs quand il ne les contrecarre pas. Et pourtant… vain est l’amour que nous prétendons éprouver pour le Premier si nous n’aimons pas et ne pardonnons pas les seconds. Si quelqu'un dit : « J'aime Dieu », alors qu'il a de la haine contre son frère, c'est un menteur. En effet, celui qui n'aime pas son frère, qu'il voit, est incapable d'aimer Dieu, qu'il ne voit pas.

Voici le commandement que nous avons reçu de lui : celui qui aime Dieu, qu'il aime aussi son frère. La raison ? Nous sommes issus d’un même Père, Dieu est présent en chacun de nous et d’une façon spéciale dans les plus démunis qui se voient confier la vocation particulière de solliciter l’amour que Dieu attend de nous, amour qui portera immanquablement le sceau de la gratuité compte tenu de leur incapacité de rendre le bien que nous leur auront fait : tout homme qui aime le Père aime aussi celui qui est né de lui. Les commandements de Dieu se résument par ailleurs à deux choses : l’amour de Dieu et l’amour du prochain (Mc 12, 29-34). L'amour de Dieu, c'est cela : garder ses commandements. C’est l’évidence : ses commandements ayant pour fin l’amour, qui déroge à ceux-ci faute nécessairement contre l’amour !

Ses commandements ne sont pas un fardeau. Qui agit par amour fait fi des difficultés, il ne les voit même pas tout absorbé qu’il est par l’objet de son amour. Et ce qui nous a fait vaincre le monde, c'est notre foi, la foi en Jésus-Christ dont la résurrection atteste la victoire de l’amour sur l’égoïsme et le non-amour du monde. La foi est acte de pur amour envers l’Inaccessible et touche le « cœur » de Dieu qui, exceptionnellement, va jusqu’à suspendre les règles qui régissent sa création pour le bénéfice de ceux qui mettent toute leur confiance en Lui comme il y a deux mille ans alors que Jésus disait : « Va, ta foi t’a sauvé » (Mc 10, 52).