Méditations sur les enseignements bibliques pour le quotidien d'aujourd'hui
16 Mai 2012 Parole du jour
Esprit de force
« Vous allez recevoir une force, celle du Saint-Esprit, qui viendra sur vous. Alors vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu'aux extrémités de la terre. » Après ces paroles, ils le virent s'élever et disparaître à leurs yeux dans une nuée.
Actes des Apôtres 1, 8-9
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Jésus avait déjà déclaré : « en dehors de moi, vous ne pouvez rien faire » (Jn 15, 5). Aussi, avant de repartir vers le Père, prend-il la peine de rassurer les disciples et nous avec qu’il ne nous laissera pas orphelins : « Vous allez recevoir une force, celle du Saint-Esprit, qui viendra sur vous ». Il ne s’agit pas d’une force nouvelle, elle était déjà agissante dans le Christ par lequel elle a fait son « entrée » dans le monde pour y agir de « l’intérieur », elle qui, bien que présente depuis le début du monde alors que son souffle planait à la surface des eaux (Gn 1, 2), y opérait de façon plus « externe » : « L'Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu'il m'a consacré par l'onction, pour porter la bonne nouvelle aux pauvres. Il m'a envoyé annoncer aux captifs la délivrance et aux aveugles le retour à la vue, renvoyer en liberté les opprimés, proclamer une année de grâce du Seigneur » (Lc 4, 18-19).
Jésus reconnaît l’action de cette force agissante en lui et en précise la finalité : « si c'est par l'Esprit de Dieu que j'expulse les démons, c'est donc que le Royaume de Dieu est arrivé jusqu'à vous » (Mt 12, 28). Cette finalité, l’expansion du Royaume de Dieu, sera la même pour les disciples et ceux qui leur succéderont et à qui elle se communiquera à travers les âges : « Alors vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu'aux extrémités de la terre ». Il ne s’agit pas d’une force conférée comme un bien propre dont on pourrait disposer à notre guise mais plutôt confiée en fidéicommis par le Père pour qu’elle soit exercée au bénéfice du plus grand nombre à savoir de leur offrir la possibilité d’accéder au salut éternel : « Il y a, certes, diversité de dons spirituels, mais c'est le même Esprit; diversité de ministères, mais c'est le même Seigneur; diversité d'opérations, mais c'est le même Dieu qui opère tout en tous. À chacun la manifestation de l'Esprit est donnée en vue du bien commun » (1 Co 12, 4-7).
Raniero Cantalamessadans son livre Viens Esprit Créateur parle du rôle et de la signification de la manifestation de cet Esprit de force dans ces événements qui dépassent la raison que l’on désigne sous le nom de miracles :
Un passage du livre du prophète Isaïe nous aide à saisir quel est le « but » du miracle dans le dessein de Dieu : « Le Seigneur a dit : Parce que ce peuple est près de moi en paroles et me glorifie de ses lèvres, mais que son cœur est loin de moi et que sa crainte n’est qu’un commandement humain, une leçon apprise, eh bien ! voici que je vais continuer à étonner ce peuple par des prodiges et des merveilles; la sagesse des sages se perdra et l’intelligence des intelligents s’envolera » (Is 29, 13-14)
Le miracle sert ainsi à rompre la routine; il empêche qu’on ne s’installe dans une religiosité ritualiste et répétitive qui réduirait tout à un « laboratoire de coutumes humaines » ; il produit des sursauts de conscience en gardant vive la stupeur qui est indispensable dans le rapport à Dieu. Le miracle actuel aide à saisir le miracle habituel de la vie et de l’être dans lequel nous sommes plongés, mais que nous avons tendance à ne plus voir et à banaliser. Il sert aussi à confondre « la sagesse des sages », autrement dit à mettre en crise la prétention de la raison à tout expliquer et à refuser ce qui échappe à son entendement. Le miracle rompt aussi bien le ritualisme mort que le rationalisme aride. Entendu au sens biblique, il sert à élever, non pas abaisser, la qualité de la religiosité.
Dans la Bible, le miracle n’est jamais une fin en soi et ne sert jamais à mettre en valeur celui qui l’accomplit ni ses pouvoirs extraordinaires. Il est à la fois une incitation à la foi et une récompense de la foi. Il est un signe (comme en effet l’appelle de préférence Jean) qui doit élever l’esprit vers une signification. C’est pourquoi Jésus s’attriste lorsqu’il s’aperçoit, après la multiplication des pains, qu’ils « n’avaient pas compris le miracle des pains » (Mc 6, 52; Mt 16, 5 s.).