Esprit de joie

Elles sont bien énigmatiques ces paroles de Jésus. De quoi parle-t-il au juste ? La clé se trouve à la fin de la citation : votre joie, personne ne vous l'enlèvera. Il s’agit d’une joie immuable, donc qui ne peut trouver sa source dans le Seul qui EST de toute éternité, Dieu, alors qu’elle passe la figure de ce monde (1 Co 7, 31) et sa joie avec elle. Qui tire sa joie du monde vit les montagnes russes émotionnelles alors que se succèdent événements tristes et heureux. Plus précisément Jésus parle de la joie que communique l’Esprit Saint en même temps que la connaissance de Dieu. C’est pourquoi Jésus dit : En ce jour-là, vous n'aurez plus à m'interroger. Les apôtres qui viennent de vivre l’expérience de l’Esprit Saint à la Pentecôte sont tellement joyeux que ceux qui les observent réalisent qu’une telle joie n’est pas naturelle et l’imputent aux effets de l’alcool, ce qui force Pierre à leur en révéler la source réelle : « Non, ces gens ne sont pas ivres, comme vous le supposez; ce n'est d'ailleurs que la troisième heure du jour. Mais c'est bien ce qu'a dit le prophète: Il se fera dans les derniers jours, dit le Seigneur, que je répandrai de mon Esprit sur toute chair. Alors vos fils et vos filles prophétiseront, vos jeunes gens auront des visions et vos vieillards des songes. Et moi, sur mes serviteurs et sur mes servantes je répandrai de mon Esprit » ( Ac 2, 15-18). C’est à ce moment précis que s’est réalisée, pour les apôtres, la prophétie de Jésus : votre cœur se réjouira ; et votre joie, personne ne vous l'enlèvera. En ce jour-là, vous n'aurez plus à m'interroger.

Que faut-il faire pour vivre une telle expérience ? D’abord, il faut demander l’Esprit Saint au Père avec insistance et foi, au nom de Jésus. Jésus ne nous a-t-il pas dit : « Tout ce que vous demanderez en mon nom, je le ferai, afin que le Père soit glorifié dans le Fils. Si vous me demandez quelque chose en mon nom, je le ferai… et je prierai le Père et il vous donnera un autre Paraclet, pour qu'il soit avec vous à jamais, l'Esprit de Vérité, que le monde ne peut pas recevoir, parce qu'il ne le voit pas ni ne le reconnaît » ( Jn 14, 13-14.16-17). Ensuite, et c’est là la partie pénible que Jésus compare à la peine de la femme qui enfante, il faut accepter de mourir au monde car nul ne peut servir deux maîtres (Mt 6, 24). Pour connaître la joie de l’Esprit, les apôtres ont dû au préalable connaître la peine de se voir séparés de la personne physique du Christ. Comme la naissance à la chair ne se fait pas sans douleurs, de même en va-t-il pour celui qui veut naître d’en haut et voir le Royaume de Dieu (Jn 3, 3).