Humilité

Quel prix Dieu accorde-t-il à l’humilité ? Infini ! Par deux fois Matthieu nous rapporte les paroles de Jésus qui dit que celui qui voudra devenir grand parmi vous, sera votre serviteur (Mt 20, 26). Si le même propos est rapporté deux fois dans ce qui constitue les faits saillants de la vie de Jésus, c’est que ce dernier a dû insister à plusieurs reprises auprès de ses disciples sur la nécessité de l’humilité. Alors que l’orgueil mène à l’amour de soi, l’humilité vide de soi-même pour ouvrir à l’amour de l’autre et du Tout-Autre. L’amour étant ce qui importe le plus aux yeux de Dieu, on peut comprendre toute la place qu’occupe le principal moyen d’y parvenir : l’humilité.

La très grande humilité de Marie a attiré les faveurs de Dieu qui a décidé d’en faire la mère de son Fils : « Je suis la servante du Seigneur; qu'il m'advienne selon ta parole! » (Lc 1, 38). Marie reconnaît d’ailleurs le rôle-clé de l’humilité dans son existence, et par extension dans la vie de tout spirituel, dans le Magnificat : « Mon âme exalte le Seigneur, et mon esprit tressaille de joie en Dieu mon sauveur, parce qu'il a jeté les yeux sur l'abaissement de sa servante. Oui, désormais toutes les générations me diront bienheureuse, car le Tout-Puissant a fait pour moi de grandes choses. Saint est son nom, et sa miséricorde s'étend d'âge en âge sur ceux qui le craignent. Il a déployé la force de son bras, il a dispersé les hommes au cœur superbe. Il a renversé les potentats de leurs trônes et élevé les humbles, Il a comblé de biens les affamés et renvoyé les riches les mains vides. Il est venu en aide à Israël, son serviteur, se souvenant de sa miséricorde, — selon qu'il l'avait annoncé à nos pères — en faveur d'Abraham et de sa postérité à jamais! » (Lc 1, 46-55).

L’apôtre Paul fait de l’humilité une des caractéristiques principales de la vie du Christ, modèle des chrétiens, Voie pour parvenir jusqu’au Père : « Ayez entre vous les mêmes sentiments qui sont dans le Christ Jésus: Lui, de condition divine, ne retint pas jalousement le rang qui l'égalait à Dieu. Mais il s'anéantit lui-même, prenant condition d'esclave, et devenant semblable aux hommes. S'étant comporté comme un homme, il s'humilia plus encore, obéissant jusqu'à la mort, et à la mort sur une croix! Aussi Dieu l'a-t-il exalté et lui a-t-il donné le Nom qui est au-dessus de tout nom » (Ph 2, 5-9). Ainsi, les paroles de Jésus sur l’élévation de ceux qui s’abaissent s’appliquent-elles donc éminemment à lui-même et à sa mère.

Plus près de nous, le Seigneur aurait dit à Catherine de Sienne : « Fais-toi capacité et je me ferai Torrent ». Qu’est-ce que se faire capacité sinon se vider de soi-même, être humble ? Paul  affirme qu’une écharde a été mise en sa chair afin qu’il ne s’enorgueillisse pas, le Seigneur motivant ainsi son refus de la lui enlever : « Ma grâce te suffit: car la puissance se déploie dans la faiblesse » (2 Co 12, 7-9). Qui reconnaît sa faiblesse rend, comme Marie,  toute la gloire à Dieu et se rend disponible à se faire davantage intermédiaire de son action auprès des hommes.