Invincibilité

Celui qui aime Dieu et s’efforce de faire sa volonté en aimant son prochain n’aurait-il pas d’ennemis ? Certes pas ! Au contraire, par sa seule présence, par la paix et la joie qui émane de lui, joie que lui procure l’amour reçu de Dieu et celui du don aux frères, il donne mauvaise conscience à ceux dont la quête du pouvoir et de la richesse n’arrivera jamais à satisfaire le désir de bonheur inscrit en chaque être, désir qui ne peut être comblé que par l’Amour. Cette présence d’opposants et la certitude de la victoire est exprimée par le psalmiste : « À pleine voix, je rendrai grâce au Seigneur, je le louerai parmi la multitude, car il se tient à la droite du pauvre pour le sauver de ceux qui le condamnent » (Ps 109, 30-31).

Alors, le croyant aurait-il le dessus sur ses adversaires ? Sûrement pas dans l’ordre temporel ! Les nouvelles rapportées par les médias nous indiquent que le mal et la corruption sont partout et semblent régir le monde. À cela, rien d’étonnant ! Le disciple n'est pas au-dessus du maître (Lc 6, 40). Jésus lui-même affirme à Pilate qui l’interroge : « Ma royauté n'est pas de ce monde. Si ma royauté était de ce monde, les miens auraient combattu pour que je ne sois pas livré aux Juifs. Mais ma royauté, maintenant, n'est pas d'ici » (Jn 18, 36).

En quoi alors le croyant est-il vainqueur ? D’abord dans l’éternité où il a la ferme espérance de partager la vie d’amour de Dieu même. « L'Écriture dit en effet : C'est pour toi qu'on nous massacre sans arrêt, on nous prend pour des moutons d'abattoir. Oui, en tout cela nous sommes les grands vainqueurs grâce à celui qui nous a aimés. J'en ai la certitude : ni la mort ni la vie, ni les esprits ni les puissances, ni le présent ni l'avenir, ni les astres, ni les cieux, ni les abîmes, ni aucune autre créature, rien ne pourra nous séparer de l'amour de Dieu qui est en Jésus Christ notre Seigneur » (Rm 8, 36-39). Mais également dès cette vie où l’on vainc une chose par son contraire : avec le Christ nous pouvons vaincre la haine avec l’amour, la violence avec la paix, l’orgueil avec l’humilité, l’égoïsme avec la générosité, la discorde avec la réconciliation, le désespoir avec l’espérance (Synode sur l’Eucharistie, 2005). Henry IV lui-même disait : « Le meilleur moyen de se défaire d'un ennemi, c'est d'en faire un ami » comme quoi la recommandation de Jésus « Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent, bénissez ceux qui vous maudissent, priez pour ceux qui vous diffament » (Lc 6, 27-28) se révèle-t-elle un sage conseil non seulement dans l’ordre spirituel mais également dans l’ordre temporel.