Je ne suis pas venu abolir, mais accomplir

Ces paroles de Jésus sont particulièrement d’à-propos alors que les cardinaux s’apprêtent à entrer en conclave pour élire un nouveau pape à la tête de l’Église catholique. Cette Église plusieurs souhaiteraient la voir entrer dans la modernité. S’il est vrai que l’Église doit s’adapter à son temps quant à la façon de présenter son message notamment dans l’utilisation des moyens sociaux et sur le comment mettre en œuvre les propos du Christ et ceux inspirés par l’Esprit Saint aux auteurs sacrés dans des situations inédites, ne serait-ce qu’en raison de l’évolution de la science, il ne lui appartient pas cependant de modifier une lettre, un seul trait de la Parole de Dieu consignée dans les Écrits sacrés. Si Jésus, le Verbe incarné, ne s’est pas octroyé le privilège de modifier quoi que ce soit à la volonté de Dieu exprimée par la bouche des prophètes, à plus forte raison ceux qui sont placés à la tête de son Église ne sont pas investis d’une telle autorité.

Le rôle de l’Église est de rendre témoignage à la Vérité. Cette Vérité et la morale qui en découle ne sauraient varier au gré des humeurs du temps, Celui qui en est le Principe étant le même hier, aujourd’hui et à jamais (He 13, 8). Et l’auteur de la lettre aux Hébreux de poursuivre par cette mise en garde qui découle de l’immuabilité de Dieu et de sa Volonté : « Ne vous laissez pas égarer par des doctrines diverses et étrangères » (He 13, 9).

Appartenir au Christ, s’efforcer de marcher à sa suite, ne dispose en rien à gagner un concours de popularité : « Si le monde vous hait, sachez que moi, il m'a pris en haine avant vous. Si vous étiez du monde, le monde aimerait son bien; mais parce que vous n'êtes pas du monde, puisque mon choix vous a tiré du monde, pour cette raison, le monde vous hait » (Jn 15, 18-19). Le rôle de l’Église consiste à être la conscience du monde, de rappeler à temps et à contretemps (2 Tm 4, 2) la manière de réaliser le projet d’amour de Dieu sur la création, son œuvre, particulièrement lorsque surviennent des temps où les hommes ne supportent plus la saine doctrine (2 Tm 4, 3). Jésus avertit qu’en dépit de ce que moult épreuves attendent ceux qui souhaitent lui demeurer fidèles, ils ne doivent pas céder à la compromission et amoindrir les exigences morales élevées qu’ils ont la mission de promouvoir sous peine de devenir des chrétiens dénaturés : « Heureux êtes-vous quand on vous insultera, qu'on vous persécutera, et qu'on dira faussement contre vous toute sorte d'infamie à cause de moi. Soyez dans la joie et l'allégresse, car votre récompense sera grande dans les cieux: c'est bien ainsi qu'on a persécuté les prophètes, vos devanciers. Vous êtes le sel de la terre. Mais si le sel vient à s'affadir, avec quoi le salera-t-on? Il n'est plus bon à rien qu'à être jeté dehors et foulé aux pieds par les gens » (Mt 5, 11-13).