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Méditations sur les enseignements bibliques pour le quotidien d'aujourd'hui

La foi commence là où la raison s’achève

 

La foi commence là où la raison s’achève

 

Jésus avait dit dans la synagogue de Capharnaüm : « Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle. » Beaucoup de ses disciples, qui avaient entendu, s'écrièrent : « Ce qu'il dit là est intolérable, on ne peut pas continuer à l'écouter !» Jésus connaissait par lui-même ces récriminations des disciples. Il leur dit : « Cela vous heurte ? Et quand vous verrez le Fils de l'homme monter là où il était auparavant?... C'est l'esprit qui fait vivre, la chair n'est capable de rien. Les paroles que je vous ai dites sont esprit et elles sont vie. Mais il y en a parmi vous qui ne croient pas. » Jésus savait en effet depuis le commencement qui étaient ceux qui ne croyaient pas, et celui qui le livrerait. Il ajouta : « Voilà pourquoi je vous ai dit que personne ne peut venir à moi si cela ne lui est pas donné par le Père. » À partir de ce moment, beaucoup de ses disciples s'en allèrent et cessèrent de marcher avec lui. Alors Jésus dit aux Douze : «Voulez-vous partir, vous aussi ? » Simon-Pierre lui répondit : «Seigneur, vers qui pourrions-nous aller ? Tu as les paroles de la vie éternelle. Quant à nous, nous croyons, et nous savons que tu es le Saint, le Saint de Dieu. »

 

Jean 6, 60-69

 

 

 Qu’est-ce que la foi ?

 

La foi est la vertu théologale par laquelle nous croyons en Dieu et à tout ce qu’Il nous a dit et révélé, et que la Sainte Église nous propose à croire, parce qu’Il est la vérité même. Par la foi " l’homme s’en remet tout entier librement à Dieu " (DV 5). C’est pourquoi le croyant cherche à connaître et à faire la volonté de Dieu. " Le juste vivra de la foi " (Rm 1, 17). La foi vivante " agit par la charité " (Ga 5, 6). (CEC 1814).

 

La foi consiste à croire, librement et sur parole, uniquement parce que cette parole vient de Dieu.

 

Ce récit de Jean enseigne ce qu’est la foi. À l’origine, une déclaration qui dépasse l’entendement : Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle, suivie de la réaction normale de la raison qui s’objecte à tout ce qui va à l’encontre de ce qu’elle ne peut observer par les sens ou valider de quelque manière par la logique: Ce qu'il dit là est intolérable, on ne peut pas continuer à l'écouter !

 

Dans un deuxième temps, il y a insistance, appel à reconsidérer la réaction première, à aller au-delà du visible : C'est l'esprit qui fait vivre, la chair n'est capable de rien. Les paroles que je vous ai dites sont esprit et elles sont vie. Cette « insistance », faut-il le souligner, se fait dans un très grand respect de la liberté de l’homme d’y adhérer ou non : Voulez-vous partir, vous aussi ?

 

Cette proposition requiert une réponse, positive ou négative, on ne peut demeurer neutre. D’une part, il y a ceux qui sont incapables de faire le pas demandé : À partir de ce moment, beaucoup de ses disciples s'en allèrent et cessèrent de marcher avec lui. D’autre part, il y a Simon-Pierre, qui, en raison de sa foi, deviendra le chef de l’Église visible, ainsi que tous ceux que cette Église engendrera à la foi : Seigneur, vers qui pourrions-nous aller ? Tu as les paroles de la vie éternelle. Quant à nous, nous croyons, et nous savons que tu es le Saint, le Saint de Dieu. Simon-Pierre et Abraham, voilà deux piliers de la foi, l’un dans l’Ancienne Alliance, l’autre dans la Nouvelle, qui sont devenus pères d’une multitude de peuples parce qu’ils ont cru.

 

Comment naît la foi ? Personne ne peut venir à moi si cela ne lui est pas donné par le Père. La foi est don gratuit de Dieu. On n’« achète » pas la foi pas plus qu’on ne la « mérite ». Si je n’ai pas la foi, ou si je ne l’ai que de façon insuffisante est-ce à dire que les carottes sont cuites et que je suis perdu ? Certes pas ! Dieu qui est bonté et amour ne saurait laisser se perdre une seule de ses créatures sans que rien ne puisse être tenté. Jésus n’est-il pas venu dans le monde pour appeler non pas les justes, mais les pécheurs (Mc 2, 17) ? Alors que faire ? Déjà prendre conscience de l’insuffisance de sa foi est déjà un pas dans la bonne direction. Comme on le disait quand j’étais jeune : « un fou qui sait être fou est moins fou qui ne sait pas qu’il est fou ». Le constat de notre ignorance constitue le premier pas vers la connaissance. Il n’en va pas autrement dans l’ordre invisible. Pourquoi ne prendrions-nous pas comme modèle la réaction du père de l’enfant ayant un esprit muet à savoir constat de l’insuffisance de notre foi et demande à Dieu d’y pallier ? « Je crois! Viens au secours de mon manque de foi! » (Mc 9, 24). 

 

Le seul autre moyen d’« acquérir » la foi que je puisse voir est par un effort de volonté : « ce que je vois, le monde et sa logique, me dit que cela est impossible mais parce que tu l’as dit Seigneur, que cela est consigné dans les saintes Écritures, je n’irai pas à l’encontre de ta volonté ou ne contesterai pas la véracité de ce qui y est écrit ». Si cette dernière méthode se voit éventuellement couronnée de succès faut-il rappeler que cela n’est pas en raison des efforts qui auront été déployés, à proprement parler, mais plutôt en raison de la bonté de Dieu qui se laisse émouvoir par notre « bonne volonté » tel qu’enseigné par Thérèse de Lisieux :

 

Vous me faites penser au tout petit enfant qui commence à se tenir debout, mais ne sait pas encore marcher. Voulant rejoindre sa mère au haut d'un escalier, il lève son petit pied pour monter la première marche. Peine inutile! Il retombe toujours sans pouvoir avancer. Eh bien, consentez à être ce petit enfant. Par la pratique de toutes les vertus, levez toujours votre petit pied pour gravir l'escalier de la Sainteté. Vous n'arriverez même pas à monter la première marche, mais le bon Dieu ne demande de vous que la bonne volonté. Bientôt, vaincu par vos efforts inutiles, il descendra lui-même, et, vous prenant dans ses bras, vous emportera pour toujours dans son royaume.

 

« Accepter » la véracité des enseignements des Écritures et de l’Église, qui se met au service de la Vérité, en dépit des objections de la chair et de la raison, voilà des efforts bien inutiles qui par leur valeur intrinsèque ne suffiront jamais, à proprement parler, à nous procurer la foi. Mais nous espérons que, vaincu par la bonne volonté démontrée, Dieu descendra bientôt lui-même et nous procurera ce bien précieux qui nous fait si cruellement défaut.  Rien ne se passe ? Il faut persévérer dans l’obscurité. Ces efforts apparemment inutiles, s’ils ne nous permettent pas de thésauriser dans cette vie qui passe, ne demeureront  pas sans récompense dans la vie qui n’aura pas de fin.

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