Laissez-vous réconcilier avec Dieu

Dieu ne se détourne pas de nous parce que nous sommes pécheurs. Il est le bon Pasteur qui est constamment à la recherche de ses brebis égarées. À Adam qui vient de pécher, Dieu n’adresse pas de reproches mais lui pose une simple question et à travers Adam à tout homme car le texte ne précise pas que la question s’adresse à Adam mais à l’homme : « Yahvé Dieu appela l'homme: "Où es-tu?" » (Gn 3, 9). Et Adam explique pourquoi il se cache : « J'ai entendu ton pas dans le jardin, répondit l'homme; j'ai eu peur parce que je suis nu et je me suis caché » (Gn 3, 10). Plus que l’absence du vêtement matériel, c’est de la robe de sainteté qu’Adam s’est départi par son péché, en conséquence de quoi il ne peut plus voir Dieu avant la mort de ce corps dans lequel il a péché : « tu ne peux pas voir ma face, car l'homme ne peut me voir et vivre » (Ex 33, 20).

Dieu est constamment à la recherche de notre amour : « Où es-tu? ». Dans la relation d’amour entre l’homme et Dieu, ce dernier prend toujours l’initiative : « Lui nous a aimés le premier » (1 Jn 4, 19). C’est ce qu’a affirmé aussi Jésus : « Nul ne peut venir à moi si le Père qui m'a envoyé ne l'attire; et moi, je le ressusciterai au dernier jour » (Jn 6, 44) et dans cette remarque faite à Pierre qui vient de confesser qu’il est le Fils du Dieu vivant : « Heureux es-tu, Simon fils de Jonas, car ce n'est pas la chair et le sang qui t'ont révélé cela, mais mon Père qui est aux cieux » (Mt 16, 17) car la chair, elle, demeure « incapable » de Dieu depuis la chute.

Si Dieu prend constamment l’initiative pour nous rapprocher de Lui, c’est à juste titre que Paul nous exhorte : laissez-vous réconcilier avec Dieu. C’est dans la perspective de Dieu qui tente de nous réconcilier avec Lui qu’il faut comprendre la venue de Dieu dans la chair dans la personne de Jésus et aussi sa mort sur la croix. C’est ce qui a inspiré ce beau texte de Romanos le Mélode :

Dieu n'a pas méprisé celui qui, par ruse, a été dépouillé de ses vêtements dans le Paradis et a perdu la robe tissée des mains de Dieu. Il revient vers lui et de sa voix sainte appelle celui qui lui a désobéi : « Adam, où es-tu ? (Gn 3,9) Cesse de te cacher de moi. Si nu, si pauvre que tu sois, je veux te voir. N'aie pas peur, je me suis fait semblable à toi. Tu désirais devenir dieu (Gn 3,5) et tu n'as pas pu. Maintenant, parce que je l'ai voulu, je me suis fait chair. Avance donc, reconnais-moi et dis : Tu es venu, tu t'es manifesté, toi la lumière inaccessible »...

Une façon de nous réconcilier avec Dieu est de considérer le sacrifice du Christ mort sur la croix pour le rachat de nos fautes : l'amour du Christ nous saisit quand nous pensons qu'un seul est mort pour tous... Car le Christ est mort pour tous, afin que les vivants n'aient plus leur vie centrée sur eux-mêmes, mais sur lui, qui est mort et ressuscité pour eux. Être centré sur soi-même, voilà ce qui coupe la relation avec les autres et avec Dieu ! Considérer que nous ne parviendrons pas au salut éternel en vertu d’un mérite quelconque de notre part mais uniquement parce que le Christ a versé par avance notre caution sur la croix devrait suffire à nous remplir d’amour et de reconnaissance pour Lui : Car c'est bien Dieu qui, dans le Christ, réconciliait le monde avec lui ; il effaçait pour tous les hommes le compte de leurs péchés. Une façon de manifester notre reconnaissance consiste à devenir ambassadeurs du Christ, et par nous laisser Dieu lui-même adresser un appel aux autres, par l’amour que nous leur porterons, amour qui puise sa source et trouve sa fin en Dieu.