Méditations sur les enseignements bibliques pour le quotidien d'aujourd'hui
Le carême, un temps de grâce
Parole du Seigneur : « Revenez à moi de tout votre cœur, dans le jeûne, les larmes et le deuil ! » Déchirez vos cœurs et non pas vos vêtements, et revenez au Seigneur votre Dieu, car il est tendre et miséricordieux, lent à la colère et plein d'amour, renonçant au châtiment. Qui sait ? Il pourrait revenir, il pourrait renoncer au châtiment, et vous combler de ses bienfaits : ainsi vous pourrez offrir un sacrifice au Seigneur votre Dieu. »
Joël 2, 12-14
Pitié pour moi, mon Dieu, dans ton amour, selon ta grande miséricorde, efface mon péché. Lave-moi tout entier de ma faute, purifie-moi de mon offense. Oui, je connais mon péché, ma faute est toujours devant moi. Contre toi, et toi seul, j'ai péché, Crée en moi un cœur pur, ô mon Dieu, renouvelle et raffermis au fond de moi mon esprit. Ne me chasse pas loin de ta face, ne me reprends pas ton esprit saint. Rends-moi la joie d'être sauvé ; que l'esprit généreux me soutienne.
Psaume 51, 3-6.12-14
Au nom du Christ, nous vous le demandons, laissez-vous réconcilier avec Dieu. Celui qui n'a pas connu le péché, Dieu l'a pour nous identifié au péché des hommes, afin que, grâce à lui, nous soyons identifiés à la justice de Dieu. Et puisque nous travaillons avec lui, nous vous invitons encore à ne pas laisser sans effet la grâce reçue de Dieu. Car il dit dans l'Écriture : Au moment favorable je t'ai exaucé, au jour du salut je suis venu à ton secours. Or, c'est maintenant le moment favorable, c'est maintenant le jour du salut.
2e lettre de Paul aux Corinthiens 5, 20-21.6, 1-2
Si vous voulez vivre comme des justes, évitez d'agir devant les hommes pour vous faire remarquer. Autrement, il n'y a pas de récompense pour vous auprès de votre Père qui est aux cieux.
Matthieu 6, 1
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Le carême constitue un temps privilégié pour nous laisser réconcilier avec Dieu. Dans ce processus, c’est Dieu l’agent agissant, Lui qui appelle : « Voici, je me tiens à la porte et je frappe; si quelqu'un entend ma voix et ouvre la porte, j'entrerai chez lui pour souper, moi près de lui et lui près de moi » (Ap 3, 20). Pour l’homme, il s’agit d’un processus passif, accueillir la grâce offerte, obtenue au seul prix du sacrifice de Celui qui n'a pas connu le péché. L’apôtre Paul ne dit pas « Réconciliez-vous avec Dieu », la distance qui nous sépare de la sainteté de Dieu étant trop grande pour que nous puissions la franchir par nos propres moyens. C’est Dieu en assumant la chair qui a comblé le fossé qui nous sépare de Lui. Dieu ne nous sauve cependant pas malgré nous. Nous avons à Lui apporter notre coopération en Le laissant agir en nous par son Esprit Saint. De là l’exhortation de l’apôtre : « Au nom du Christ, nous vous le demandons, laissez-vous réconcilier avec Dieu » et la demande du psalmiste : ne me reprends pas ton esprit saint (qui me rends « capable » de T’aimer).
Le point de départ pour bénéficier de l’offre généreuse et gratuite de Dieu est l’humilité. Reconnaître notre statut de créature pécheresse et que, si grands soient nos efforts, nous ne pourrons jamais rien faire pour Dieu, qui ne rajoute ne serait-ce qu’un iota à sa gloire. Dans Matthieu 6, Jésus nous dit que nos actions (et il donne ici l’exemple d’actions qui sont recommandées dans le temps du carême : l’aumône, la prière et le jeûne) doivent porter le sceau de l’humilité pour être agrées de Dieu. L’humilité joue un rôle clé dans notre relation avec Dieu car Dieu est Amour et recherche notre amour. Le point de départ de l’amour, c’est reconnaître que nous ne pouvons nous suffire à nous-mêmes et que nous avons besoin d’entrer en relation avec les autres et avec le Tout-Autre. Cette humilité nous pousse à reconnaître notre péché, que nous n’agissons pas toujours selon la volonté du Créateur, son plan d’amour pour nous, et, d’un même mouvement, à attendre de Lui notre justification, la rémission de ces fautes : Pitié pour moi, mon Dieu, dans ton amour, selon ta grande miséricorde, efface mon péché. Lave-moi tout entier de ma faute, purifie-moi de mon offense.
J’écoutais certains commentaires suite à la démission de Benoît XVI et au choix de son éventuel successeur à l’effet que le conservatisme de l’Église l’éloignait toujours davantage de ceux qui disent lui appartenir, particulièrement dans les pays occidentaux et qu’il n’y avait pas davantage d’ouverture à espérer de la part d’un éventuel successeur. Comment pourrait-il en être autrement ? Ce n’est pas l’Église qui se déconnecte de sa base, comme ce n’est pas Dieu qui s’éloigne de nous. Dieu est le même hier, aujourd’hui et à jamais, de même ces préceptes : « Celui donc qui violera l'un de ces moindres préceptes, et enseignera aux autres à faire de même, sera tenu pour le moindre dans le Royaume des Cieux; au contraire, celui qui les exécutera et les enseignera, celui-là sera tenu pour grand dans le Royaume des Cieux » (Mt 5, 19). L’Église, dont le rôle est de rendre témoignage à la Vérité, ne saurait modifier son message au gré des modes. Quand nous souhaitons voir l’Église changer le message, l’orgueil à coup sûr se pointe en nous : nous voulons substituer nos propres règles à celles consignées dans les textes sacrés pour parvenir au salut espéré. Nous nous retrouvons ainsi au point de fracture entre l’homme et Dieu, au péché des origines : «vous serez comme des dieux, qui connaissent le bien et le mal » (Gn 3, 5). L’exhortation de Paul à Timothée pourrait très bien s’adresser à l’Église d’aujourd’hui et au futur successeur de Pierre : « Proclame la parole, insiste à temps et à contretemps, réfute, menace, exhorte, avec une patience inlassable et le souci d'instruire. Car un temps viendra où les hommes ne supporteront plus la saine doctrine, mais au contraire, au gré de leurs passions et l'oreille les démangeant, ils se donneront des maîtres en quantité et détourneront l'oreille de la vérité pour se tourner vers les fables. Pour toi, sois prudent en tout, supporte l'épreuve, fais œuvre de prédicateur de l'Évangile, acquitte-toi à la perfection de ton ministère » (2 Tm 4, 2-4).
C'est maintenant le moment favorable, c'est maintenant le jour du salut. Le salut n’est pas quelque chose que l’on reporte à plus tard, c’est quelque chose que l’on doit accueillir maintenant dans l’aujourd’hui. Nous laisserons-nous aimer par Dieu aujourd’hui et tout au long de ce carême qui débute ?