Maternité spirituelle

14 Septembre 2012

Or, près de la croix de Jésus se tenait sa mère, avec la sœur de sa mère, Marie femme de Cléophas, et Marie Madeleine. Jésus, voyant sa mère, et près d'elle le disciple qu'il aimait, dit à sa mère : « Femme, voici ton fils. » Puis il dit au disciple : « Voici ta mère. » Et à partir de cette heure-là, le disciple la prit chez lui.

Jean 19,25-27

L’apôtre Paul dit de Jésus : « tout Fils qu'il était, apprit, de ce qu'il souffrit, l'obéissance; après avoir été rendu parfait, il est devenu pour tous ceux qui lui obéissent principe de salut éternel » (He 5, 8-9). Au-delà des désagréments ressentis, il y a donc une notion de perfectionnement associée à la souffrance, non pas celle qui est masochiste auquel l’esprit mal tourné trouve un plaisir ou recherche pour elle-même, mais celle qui s’invite à brûle-pourpoint au moment inopportun et qui est librement acceptée par le sujet comme l’expression de la volonté divine sur lui à ce moment précis avec l’espérance que Dieu en tire un bien plus grand encore que ce qu’il lui en a coûté. L’absence de révolte face au mal qui frappe, l’inclinaison de l’esprit devant le mystère du mal, par amour pour le Créateur, voilà l’obéissance de la foi. La notion d’un mal qui soit purificateur est rendue dans l’Ancien Testament par l’expression creuset : « comme l'or au creuset, il les a éprouvés » (Sg 3, 6), « Qu'il me passe au creuset: or pur j'en sortirai! » (Jb 23, 10), « je t'ai choisi au creuset du malheur » (Is 48, 10).

Si Jésus en croix est devenu pour tous ceux qui lui obéissent principe de salut éternel, la souffrance ressentie et librement consentie par Marie à ce moment, conformément à la prophétie de Syméon « une épée te transpercera l'âme! » (Lc 2, 35), ne pouvait demeurer sans fruit. Si nous sommes devenus à ce moment fils adoptifs (Ép 1, 5; Ga 4, 5; Rm 8, 15) du Père, Jésus nous a également donnés une mère, le disciple que Jésus aimait symbolisant tous les croyants des générations à venir. La douleur de Marie face à la perte de ce fils selon la chair, ce sont les douleurs de l’enfantement liées à sa maternité spirituelle où désormais elle œuvrera à engendrer des filles et des fils adoptifs qui tourneront leur âme vers Dieu avec l’espérance de partager la demeure du Père pour l’éternité. Aussi, tels les enfants vers leur mère terrestre, pouvons-nous nous tourner vers notre mère spirituelle pour obtenir consolation et support dans l’épreuve.