Porter du fruit

Porter du fruit

Moi, je suis la vigne, et vous, les sarments. Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là donne beaucoup de fruit, car, en dehors de moi, vous ne pouvez rien faire. Si quelqu'un ne demeure pas en moi, il est comme un sarment qu'on a jeté dehors, et qui se dessèche. Les sarments secs, on les ramasse, on les jette au feu, et ils brûlent. Si vous demeurez en moi, et que mes paroles demeurent en vous, demandez tout ce que vous voudrez, et vous l'obtiendrez. Ce qui fait la gloire de mon Père, c'est que vous donniez beaucoup de fruit : ainsi, vous serez pour moi des disciples.

Jean 15, 5-8

Dans une société utilitariste, il convient de spécifier de quel fruit il est ici question. Jésus ne parle pas de la contribution matérielle d’une personne à la société à laquelle elle appartient. Non, le fruit attendu de Dieu et qui fait sa gloire c’est l’amour. D’ailleurs le texte de Jean se poursuit ainsi : « Comme le Père m'a aimé, moi aussi je vous ai aimés. Demeurez en mon amour. Si vous gardez mes commandements, vous demeurerez en mon amour, comme moi j'ai gardé les commandements de mon Père et je demeure en son amour. Je vous dis cela pour que ma joie soit en vous et que votre joie soit complète. Voici quel est mon commandement: vous aimer les uns les autres comme je vous ai aimés» (Jn 15, 9-12).

Alors que le monde rejette ceux qui sont ou qui risquent de devenir un fardeau pour lui, particulièrement lorsqu’ils sont le plus vulnérables à savoir peu après la conception ou lorsqu’ils arrivent au terme de leur course, il ne se trouve personne qui ne puisse contribuer au plan d’amour de Dieu. Les plus faibles, les plus démunis, ceux qui dépendent grandement des autres, ceux qui consomment plus de ressources qu’ils ne sont en mesure d’en contribuer et que plusieurs ne voient que comme des passifs, ceux-là sont les percepteurs privilégiés du fruit que Dieu attend de l’humanité à savoir l’amour. Ceux que l’on a tendance à exclure sont tellement importants aux yeux de Dieu que Jésus dit que tout ce que nous aurons fait en leur faveur sera agréé par Lui comme Lui ayant été fait personnellement : « Dans la mesure où vous l'avez fait à l'un de ces plus petits de mes frères, c'est à moi que vous l'avez fait » (Mt 25, 40).

Pour demeurer en Jésus, il faut demeurer en son amour. C’est l’œuvre de l’Esprit Saint de nous unir au Christ comme le sarment est rattaché à la vigne et de nous communiquer la sève de la grâce qui nous permet de devenir ainsi participants de la divine nature (2 P 1, 4), grâce qui nous rend aptes à nous aimer les uns les autres comme Jésus nous a aimés c’est-à-dire jusqu’au don total de nous-mêmes de la même manière qu’il a donné sa vie pour nous sur la croix. Pour porter du fruit, accueillons l’Esprit qui a accompagné Jésus lors de son séjour terrestre jusqu’à la croix : « Père, en tes mains je remets mon esprit » (Lc 23, 45). Évitons de nous détacher de la vigne, de contrister l’Esprit Saint de Dieu (Ép 4, 30) en dehors duquel nous ne pouvons rien faire, en adoptant une conduite conforme à ce que Dieu attend de nous.