Méditations sur les enseignements bibliques pour le quotidien d'aujourd'hui
Prière du Notre Père
Lorsque vous priez, ne rabâchez pas comme les païens : ils s'imaginent qu'à force de paroles ils seront exaucés. Ne les imitez donc pas, car votre Père sait de quoi vous avez besoin avant même que vous l'ayez demandé. Vous donc, priez ainsi : Notre Père, qui es aux cieux, que ton nom soit sanctifié. Que ton règne vienne ; que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel. Donne-nous aujourd'hui notre pain de ce jour. Remets-nous nos dettes, comme nous les avons remises nous-mêmes à ceux qui nous devaient. Et ne nous soumets pas à la tentation, mais délivre-nous du Mal. Car, si vous pardonnez aux hommes leurs fautes, votre Père céleste vous pardonnera aussi. Mais si vous ne pardonnez pas aux hommes, à vous non plus votre Père ne pardonnera pas vos fautes.
Matthieu 6, 7-15
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Notre Père. Presque tout est déjà dit en ces deux seuls mots ! Appeler Dieu « Père », c’est reconnaître que nous devons l’existence à Dieu à l’instar du psalmiste : « C'est toi qui m'as formé les reins, qui m'as tissé au ventre de ma mère » (Ps 139, 14) et que de ce fait, nous ne sommes pas notre propre fin, que le terme de notre course n’est pas en cette vie mais auprès de Lui pour l’éternité. Notre, par opposition à mon, affirme la dimension communautaire de la foi et du salut. Le chemin qui mène vers Dieu n’est pas une longue traversée en solitaire. Nous allons vers Notre Père des cieux attirés par Lui en famille, dans l’amour fraternel, alors que celui qui va vers la perdition s’y rend seul, dans un refus personnel de l’amour.
Que ton nom soit sanctifié. Ce sont les enfants qui font honneur au nom de leur père. Pour ce faire, les croyants doivent tendre vers la perfection de l’amour : « Soyez saints, car moi, Yahvé votre Dieu, je suis saint » (Lv 19, 2).
Que ton règne vienne. Le règne de Dieu, c’est lorsqu’Il sera tout en tous (1 Co 15, 28), lorsque l’amour règlera les relations entre les hommes, la civilisation de l’amour. « Mon Royaume n’est pas de ce monde » (Jn 18, 36) disait Jésus à Pilate. De même, le règne de Dieu n'est pas affaire de nourriture ou de boisson, il est justice, paix et joie dans l'Esprit Saint (Rm 14, 17). L’Esprit est Celui qui œuvre activement à ce que l’Amour s’enracine dans le monde : « l'amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par le Saint Esprit qui nous fut donné » (Rm 5, 5).
Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel. Le principal souci de l’enfant est de plaire à ses parents. La volonté de Dieu c’est l’amour, un amour qui est don gratuit de soi jusqu’au sacrifice : « Le sacrifice à Dieu, c'est un esprit brisé; d'un cœur brisé, broyé, Dieu, tu n'as point de mépris » (Ps 51, 19). En cela nous avons pour modèle Jésus : « Père, si tu veux, éloigne de moi cette coupe! Cependant, que ce ne soit pas ma volonté, mais la tienne qui se fasse! » (Jn 22, 42).
Donne-nous aujourd'hui notre pain de ce jour. Comme les enfants attendent tout de leurs parents, de même nous devons tout attendre de la divine Providence et surtout Lui être reconnaissants pour ce que nous avons ou nous sommes. L’attitude des enfants envers leurs parents est ce qui doit inspirer notre relation avec Dieu : « car le Royaume des cieux est à ceux qui leur ressemblent » (Mt 19, 14).
Remets-nous nos dettes, comme nous les avons remises nous-mêmes à ceux qui nous devaient. C’est la réciprocité de l’amour, appeler à la réalisation de la Béatitude : Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde (Mt 5, 7). De fait, c’est espérer obtenir beaucoup plus que les pardons que nous aurons donnés pour des fautes somme toute mineures eu égard à la gravité de la dette contractée envers Dieu à cause de nos péchés conformément à la promesse de Jésus : « de recevoir le centuple dès maintenant, au temps présent, et, dans le monde à venir, la vie éternelle » (Mc 10, 30).
Et ne nous soumets pas à la tentation. Il est utopique de penser éviter la tentation, Matthieu disant que « Jésus fut emmené au désert par l'Esprit, pour être tenté par le diable » (Mt 4, 1). Or, le serviteur n'est pas plus grand que son maître (Jn 15, 20)… De fait, la tentation est une opportunité de démontrer notre amour pour Dieu en ne succombant pas aux attraits du monde. Le Catéchisme de l’Église catholique (CEC) aux paragraphes 2846 à 2849 explique qu’il faut interpréter cette demande comme : ne nous laisse pas succomber à la tentation, consentir à celle-ci. Cette tentation ne devrait jamais excéder notre capacité à y faire face : « Aucune tentation ne vous est survenue, qui passât la mesure humaine. Dieu est fidèle; il ne permettra pas que vous soyez tentés au-delà de vos forces; mais avec la tentation, il vous donnera le moyen d'en sortir et la force de la supporter » (1 Co 10, 13). Néanmoins, il est plus sage de demander l’aide de Dieu et de l’ange à notre service pour la vaincre, certains faisant remarquer avec justesse que la plus grande erreur d’Ève réside en ce qu’elle s’est laissé entraîner à discourir avec le serpent, qu’elle a présumé de sa capacité à faire face au Tentateur.
Mais délivre-nous du Mal. Dans cette demande, le Mal n’est pas une abstraction, mais il désigne une personne, Satan, le Mauvais, l’ange qui s’oppose à Dieu. Le " diable " (dia-bolos) est celui qui " se jette en travers " du Dessein de Dieu et de son " œuvre de salut " accomplie dans le Christ (CEC 2851). La dernière demande à notre Père est aussi portée dans la prière de Jésus : " Je ne te prie pas de les retirer du monde mais de les garder du Mauvais " (Jn 17, 15). Elle nous concerne, chacun personnellement, mais c’est toujours " nous " qui prions, en communion avec toute l’Église et pour la délivrance de toute la famille humaine (CEC 2850).