Viens et vois

Viens et vois

Philippe rencontre Nathanaël et lui dit : « Celui dont parlent la loi de Moïse et les Prophètes, nous l'avons trouvé : c'est Jésus fils de Joseph, de Nazareth. » Nathanaël répliqua : « De Nazareth ! Peut-il sortir de là quelque chose de bon ? » Philippe répond : « Viens, et tu verras. » Lorsque Jésus voit Nathanaël venir à lui, il déclare : « Voici un véritable fils d'Israël, un homme qui ne sait pas mentir. » Nathanaël lui demande : « Comment me connais-tu ? » Jésus lui répond : « Avant que Philippe te parle, quand tu étais sous le figuier, je t'ai vu. » Nathanaël lui dit : « Rabbi, c'est toi le Fils de Dieu ! C'est toi le roi d'Israël ! » Jésus reprend : « Je te dis que je t'ai vu sous le figuier, et c'est pour cela que tu crois ! Tu verras des choses plus grandes encore. »

Jean 1, 45-50

« Viens, et tu verras. » D’apparence anodine ces paroles sont une invitation à faire l’expérience de Dieu qui tire son origine dans les textes anciens, notamment les Psaumes : « Goûtez et voyez comme Yahvé est bon; heureux qui s'abrite en lui! » (Ps 34, 9) et surtout le psaume 66 que ce récit de Jean n’est pas sans rappeler : « Venez, voyez les gestes de Dieu, redoutable en hauts faits pour les fils d'Adam: il changea la mer en terre ferme, on passa le fleuve à pied sec. Là, notre joie en lui, souverain de puissance éternelle! Les yeux sur les nations, il veille… Venez, écoutez, que je raconte, vous tous les craignant-dieu, ce qu'il a fait pour mon âme » (Ps 66, 5-7.16).

Dieu n’est pas une notion abstraite mais une personne dont il faut faire la rencontre et expérimenter la bonté. Qui ne reste qu’au niveau de l’intellect ne connaît pas plus Dieu que ces personnes qui habitent les grandes villes ne savent qui sont leurs voisins auxquels ils n’ont jamais adressé la parole. « Viens, et tu verras. » Quand Philippe adresse ces paroles à Nathanaël il ne fait que reproduire l’invitation de Jésus à Jean et André : « Il leur dit: "Venez et voyez." » (Jn 1, 39). Philippe lui-même a été préalablement interpellé par Jésus : « Suis-moi! » (Jn 1, 43).

Pour rencontrer Dieu, il faut, comme Nathanaël, dépasser les objections de l’intellect, ici l’attente d’un Messie qui aurait eu des origines en apparence plus glorieuses : « De Nazareth ! Peut-il sortir de là quelque chose de bon ? » Comme le dit Benoît XVI ce récit met en évidence la liberté de Dieu, qui surprend nos attentes en nous faisant le trouver précisément là où nous ne l'attendions pas (Audience générale du 2006/10/04). Et le saint Père de poursuivre : « Notre connaissance de Jésus a surtout besoin d'une expérience vivante. Le témoignage d'autrui est certainement important, car normalement toute notre vie chrétienne commence par l'annonce qui parvient jusqu'à nous grâce à un ou plusieurs témoins, mais ensuite, c'est nous-mêmes qui devons être impliqués personnellement dans une relation intime et profonde avec Jésus. »

En cette journée, pourquoi ne demanderions-nous pas la grâce de faire l’expérience de la bonté de Dieu ? Ou, plus justement, celle de dépasser nos préjugés pour que se révèle ce qui demeurait jusqu’à présent caché à nos yeux ?