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Méditations sur les enseignements bibliques pour le quotidien d'aujourd'hui

Vieillesse

Vieillesse

 

Bien que je sois encore relativement jeune, me retrouvant à la période intermédiaire où les enfants ont quitté le nid familial mais ayant encore plusieurs années de vie active devant moi avant d’entrer dans le bel âge, j’ai été interpellé à contempler ma propre vieillesse. C’est le fruit de cette méditation que je vous livre.

 

Quelle merveilleuse invention de Dieu que la vieillesse ! Comment peut-on associer cette période de dégénérescence du corps et de l’esprit à une bénédiction de Dieu ? C’est ce que nous allons voir.

 

Quelle est la finalité de l’existence ? Pour le croyant, c’est de retourner vers le Dieu qui l’a appelé à la vie par amour afin de jouir de cet Amour éternellement au terme de celle-ci. Accompagnateur silencieux lors de notre séjour terrestre afin de préserver notre liberté d’adhérer ou non à son plan d’amour, Dieu est origine et terme de l’existence humaine : « Je suis l'Alpha et l'Oméga, dit le Seigneur Dieu, "Il est, Il était et Il vient", le Maître-de-tout » (Ap 1, 8).

 

Comment devient-on « éligible » à partager l’existence de Dieu ? Faut-il préciser à priori que nul n’accède au Royaume des cieux par ses propres « mérites » car il s’agit là d’un don gratuit de Dieu dont on doit accueillir la gratuité. Mais alors, n’y a-t-il rien à faire ? Oui et non. Il y a beaucoup à faire mais la valeur de ce que nous faisons ne réside pas dans la valeur intrinsèque de ce qui a été accompli mais dans l’amour qui a imprégné nos actions et, plus sûrement encore, l’amour qui nous a inspiré de ne rien faire comme ne pas donner suite à l’impulsion naturelle de la nature blessée de se venger d’un tort subi, supporter patiemment une personne désagréable, résister à l’envie de restreindre la liberté accordée par Dieu aux autres en cherchant à les contraindre à agir contre leur gré, accepter les dons offerts … Bref, se soumettre à la volonté d’amour de Dieu dont la ligne directrice a été résumée comme suit par Jésus : « Le premier (commandement) c'est: Écoute, Israël, le Seigneur notre Dieu est l'unique Seigneur, et tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit et de toute ta force. Voici le second: Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Il n'y a pas de commandement plus grand que ceux-là » (Mc 12, 29-31).

 

Nous avons une assez bonne idée de la manière d’aimer le prochain, mais comment aime-t-on Dieu ? Voyons ce qu’Il a dit à son peuple : « Écoute, Israël. Je suis Yahvé ton Dieu, qui t'ai fait sortir du pays d'Égypte, de la maison de servitude. Tu n'auras pas d'autres dieux devant moi. » (Dt 5, 6-7). Qu’est-ce qu’un dieu ? « Personne, chose à laquelle on voue une sorte de culte, pour laquelle on a un attachement passionné » (Dictionnaire le Petit Larousse signification 2 b). La façon d’aimer Dieu est donc de nous détacher de tout ce qui n’est pas de Lui pour L’aimer Lui seul et, au premier chef, de notre volonté propre pour nous soumettre à la sienne, accepter de dépendre de Lui. « Vanité des vanités, disait l'Ecclésiaste. Vanité des vanités, tout est vanité ! » (Écc 1,2). La vanité est vraiment ce qu’il faut combattre, cette tendance à nous attacher à ce qui est terrestre et donc vain, futile, car temporaire, pour nous attacher à Dieu qui seul EST, hier, aujourd’hui et à jamais. La vanité est également à combattre dans son sens premier « sentiment d’autosatisfaction, de suffisance » (Dictionnaire le Petit Larousse), il faut accepter de dépendre de Dieu et des autres. Accepter sa dépendance constitue le premier pas de celui qui veut aimer.

 

Quel est le rôle de la vieillesse dans le plan de Dieu ? La vieillesse est le temps du détachement. Détachement des amis, d’abord, qui nous quittent les uns après les autres soit pour d’autres lieux où ils recevront les soins que requièrent leur état, soit définitivement alors que leur existence terrestre s’achèvera. Détachement de la vaine gloire alors qu’au fil des ans la mémoire de nos faits notables s’effacera graduellement. Détachement de ses occupations quotidiennes, notamment celles qui nous ont permis de gagner notre existence, que nos capacités déclinantes ne nous permettront pas de poursuivre. Détachement de l’image que nous souhaitions projeter tant physique (le maquillage et les chirurgies ne pouvant plus masquer les outrages du temps) que l’impression d’invulnérabilité que nous voulions laisser aux autres. Détachement de cette maison qui nous a vus naître ou que nous avons construite nous-mêmes et que nous ne sommes plus en mesure d’entretenir convenablement, maison qui souffrira de notre attachement qui, à la limite, pourra l’exposer à tomber sous le pic des démolisseurs si nous ne la quittons pas. Détachement face aux richesses accumulées qu’il faut accepter de voir diminuer, les revenus régressant ou demeurant stables tandis que les coûts de subsistance augmentent alors que nous avons besoin de davantage de soins et de services. Détachement pour certains d’un corps qui refuse graduellement de répondre sous l’influence de la maladie. Détachement pour d’autres d’un esprit qui les abandonne notamment en raison de l’Alzheimer… Le tout jusqu’au détachement ultime, celui de notre vie terrestre elle-même lorsque la mort naturelle s’annoncera prochaine.

 

Parmi ces détachements, il y en a un qui, à mon avis, demande davantage de discernement : celui du détachement des richesses préalablement à la vieillesse, plus précisément répondre à la question : combien faut-il mettre d’argent de côté en vue de la retraite ? Tout ici est question d’abord d’intention mais aussi de situation. Nous nous attarderons à la classe moyenne puisque les plus pauvres n’ont pas à se poser une telle question alors que les plus fortunés sont confrontés à des enjeux différents. Pour le citoyen ordinaire de la classe moyenne, l’objectif serait, si nous connaissions par avance la date de notre mort terrestre, de dépenser notre dernier sou le jour de notre mort ou, si nous avons un conjoint survivant qui doit compter sur nos revenus, de lui laisser une somme suffisante pour ne pas le laisser dans l’indigence et que les avoirs communs accumulés aient été écoulés le jour de sa propre mort. Quant à l’intention, si nous mettons de l’argent de côté afin de nous la couler douce pendant nos vieux jours, nous « thésaurisons pour nous-mêmes » (Lc 12, 21) et nous ne sommes pas dans l’esprit évangélique. Par contre, si nous mettons de l’argent de côté afin de ne pas devenir éventuellement un fardeau pour les aidants naturels ou pour l’État et que le bien commun nous anime, bien différent est notre état d’esprit en veillant toutefois à ce que ce ne soit pas l’orgueil qui nous incite à ne pas dépendre de personne. Aussi, une somme appropriée serait-elle celle qui permet de vivre sobrement mais qui n’évite pas d’avoir recours à l’aide des autres en cas de coup dur imprévu. Et, faut-il le rappeler, le plus bel héritage que nous pouvons léguer à ceux qui nous survivrons est d’abord l’amour que nous leur avons démontré et un environnement naturel propice à l’éclosion et au maintien de la vie.

 

Si le détachement du créé est important, il demeure stérile s’il ne sert pas de base pour nous rapprocher du Créateur de qui il origine. Comment se rapproche-t-on de Dieu ? Par la prière, l’offrande et la fréquentation des sacrements notamment celui de l’Eucharistie qui nous permet d’accueillir la présence même de Dieu en nous : « En vérité, en vérité, je vous le dis, si vous ne mangez la chair du Fils de l'homme et ne buvez son sang, vous n'aurez pas la vie en vous. Qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle et je le ressusciterai au dernier jour. Car ma chair est vraiment une nourriture et mon sang vraiment une boisson. Qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi en lui. De même que le Père, qui est vivant, m'a envoyé et que je vis par le Père, de même celui qui me mange, lui aussi vivra par moi. Voici le pain descendu du ciel; il n'est pas comme celui qu'ont mangé les pères et ils sont morts; qui mange ce pain vivra à jamais » (Jn 6, 53-58).

 

Alors que s’apaise la frénésie de la vie active, nous disposons davantage de temps à consacrer à l’essentiel, à Dieu. Lorsque nous avançons en âge, nous devons abandonner les activités qui nous accaparaient les unes après les autres. Chercherons-nous à les remplacer par quelques autres distractions ou profiterons-nous de l’opportunité offerte pour aimer le Seigneur notre Dieu de tout notre cœur, de toute notre âme, de tout notre esprit et de toute notre force ? Saurons-nous délaisser l’agitation de Marthe pour choisir avec Marie la meilleure part (Lc 10, 38-42), celle de l’écoute de la Parole de Dieu et la contemplation ?

 

La plus grande contribution que nous puissions apporter au monde alors que nos capacités diminuent et qu’augmentent tant la souffrance physique d’un corps usé et la souffrance morale causée par les détachements qui sont requis de nous, est l’offrande de nos douleurs en communion avec celles de Jésus sur la croix pour les êtres qui nous sont chers, et ceux qui le sont moins jusqu’à nos ennemis même, pour ceux qui vivent encore et ceux qui nous ont quitté et sont encore en attente d’un purification pour jouir de la présence de Dieu, trouver notre joie même dans l’offrande de ces souffrances à la suite de l’apôtre Paul : « En ce moment je trouve ma joie dans les souffrances que j'endure pour vous, et je complète en ma chair ce qui manque aux épreuves du Christ pour son Corps, qui est l'Église » (Col 1, 24) ?

 

La vieillesse est une porte qui s’entrouvre sur l’éternité. Saurons-nous tirer profit des opportunités qui nous sont offertes de nous rapprocher de Dieu en accueillant humblement les limites qui s’imposeront à nous, en offrant les souffrances qui iront croissant et en consacrant chaque jour davantage de temps à Dieu ?

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B
Excellent..et tellement vrai.la fin est inoubliable
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N
Merci de votre commentaire !