Oracle de Balaam

En ces jours-là, levant les yeux, le prophète païen Balaam vit Israël qui campait, rangé par tribus. L’esprit de Dieu fut sur lui, et il prononça ces paroles énigmatiques : « Oracle de Balaam, fils de Béor, oracle de l’homme au regard pénétrant, oracle de celui qui entend les paroles de Dieu. Il voit ce que le Puissant lui fait voir, il tombe en extase, et ses yeux s’ouvrent. Que tes tentes sont belles, Jacob, et tes demeures, Israël ! Elles s’étendent comme des vallées, comme des jardins au bord d’un fleuve ; le Seigneur les a plantées comme des aloès, comme des cèdres au bord des eaux ! Un héros sortira de la descendance de Jacob, il dominera sur des peuples nombreux. Son règne sera plus grand que celui de Gog, sa royauté sera exaltée. Balaam prononça encore ces paroles énigmatiques : « Oracle de Balaam, fils de Béor, oracle de l’homme au regard pénétrant, oracle de celui qui entend les paroles de Dieu, qui possède la science du Très-Haut. Il voit ce que le Puissant lui fait voir, il tombe en extase, et ses yeux s’ouvrent. Ce héros, je le vois – mais pas pour maintenant – je l’aperçois – mais pas de près : Un astre se lève, issu de Jacob, un sceptre se dresse, issu d’Israël. »

Livre des Nombres 24,2-7.15-17a.

Ô surprise ! Nous voyons Dieu nous parler par l’entremise d’un prophète païen. Plus incroyable encore, il prophétise l’événement le plus important de l’histoire du salut : la venue du Messie, Dieu qui, dans la personne de son Verbe, assume la chair, afin de sanctifier cette chair encline au péché et de lui permettre ainsi d’aspirer au salut éternel en vertu de son infinie Miséricorde. Peut-être n’est-ce pas si étonnant après tout car après Jésus Christ, Dieu s’est fait connaître à tout homme par l’Esprit qu’Il nous a légués et ceux qui se sont mis à son service pour porter la Bonne Nouvelle du salut « jusqu'aux extrémités de la terre » (Ac 1, 8). À travers Balaam comme à travers les mages venus d’Orient (Mt 2, 1), nous voyons que Dieu s’adresse à tout homme, indépendamment de ses convictions religieuses, qu’Il propose son salut à tous les hommes de bonne volonté. Le concile Vatican II a reconnu la possibilité de salut pour tous dans la constitution apostolique Gaudium et Spes : « l’Esprit Saint, d’une manière que lui seul connaît, offre à tout homme la possibilité d’être associé au mystère pascal » (GS 22).

Que dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle? (Lc 10, 25)

Je dépasse mes appréhensions face à la différence de l’autre, pour reconnaître en lui la présence de Dieu qui m’interpelle à l’amour et qui peut même s’exprimer, s’adresser à moi, à travers cet autre qui m’est étranger.