Méditations sur les enseignements bibliques pour le quotidien d'aujourd'hui
15 Septembre 2014 Parole du jour
Hymne à la charité
Frères, parmi les dons de Dieu, vous cherchez à obtenir ce qu'il y a de meilleur. Eh bien, je vais vous indiquer une voie supérieure à toutes les autres. Quand je parlerais les langues des hommes et des anges, si je n'ai pas la charité, je ne suis plus qu'airain qui sonne ou cymbale qui retentit. Quand j'aurais le don de prophétie et que je connaîtrais tous les mystères et toute la science, quand j'aurais la plénitude de la foi, une foi à transporter des montagnes, si je n'ai pas la charité, je ne suis rien. Quand je distribuerais tous mes biens en aumônes, quand je livrerais mon corps aux flammes, si je n'ai pas la charité, cela ne me sert de rien.
La charité est longanime ; la charité est serviable ; elle n'est pas envieuse ; la charité ne fanfaronne pas, ne se gonfle pas ; elle ne fait rien d'inconvenant, ne cherche pas son intérêt, ne s'irrite pas, ne tient pas compte du mal ; elle ne se réjouit pas de l'injustice, mais elle met sa joie dans la vérité. Elle excuse tout, croit tout, espère tout, supporte tout. La charité ne passe jamais. Les prophéties ? elles disparaîtront. Les langues ? elles se tairont. La science ? elle disparaîtra. Car partielle est notre science, partielle aussi notre prophétie. Mais quand viendra ce qui est parfait, ce qui est partiel disparaîtra. Lorsque j'étais enfant, je parlais en enfant, je pensais en enfant, je raisonnais en enfant ; une fois devenu homme, j'ai fait disparaître ce qui était de l'enfant. Car nous voyons, à présent, dans un miroir, en énigme, mais alors ce sera face à face. À présent, je connais d'une manière partielle ; mais alors je connaîtrai comme je suis connu. Maintenant donc demeurent foi, espérance, charité, ces trois choses, mais la plus grande d'entre elles, c'est la charité.
Première lettre de Paul aux Corinthiens 12,31.13,1-13.
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Quand bien même nous réaliserions les œuvres les plus dignes d’admiration, nous nous dépensons en pure perte si elles ne sont pas inspirées par l’amour et ne portent pas son sceau. Quand Jésus nous dit « Vous êtes le sel de la terre » (Mt 5, 13), c’est à cet amour qui insuffle les actions du croyant et qui leur donne une portée d’infini faisant advenir le Royaume dès le temps présent auquel il fait allusion. Nous ne pouvons que louer les efforts des États qui, inspirées par la civilisation judéo-chrétienne, se sont impliqués au cours des dernières décennies dans les œuvres caritatives y remplaçant ceux qui s’y investissaient autrefois en raison de leur foi. Cependant, il est dommage de constater de façon générale que si la qualité technique de l’aide apportée est supérieure à celle d’antan, l’amour qui rassérénait les bénéficiaires se soit refroidi. Aussi, est-ce un scandale d’autant plus important que des personnes consacrées, qui auraient dû agir par amour en raison de la foi qu’elles professaient, aient pu maltraiter ou abuser des personnes dans le besoin qu’on leur avait confiées. Tout aussi dommage est-il de constater que l’on soupçonne de maltraitance tous ceux qui se dépensent ou se sont dépensées pour autrui par amour de Dieu et du prochain en raison d’une minorité qui a manqué à ses engagements. Même si nous devenons suspects parce que nous sommes incités à manifester l’Amour, cela ne doit pas nous empêcher d’agir car cela fait partie de l’ADN de notre vie de croyants.
À quoi reconnaît-on la charité, l’amour véritable venant de Dieu et inspiré par Lui ? Paul mentionne d’abord la longanimité, « la patience à supporter ce qu’on aurait le pouvoir de réprimer, de punir » (Dictionnaire le petit Robert), cette caractéristique du Maître de la Moisson qui laisse croître ensemble l’ivraie et le bon grain de peur d’arracher le blé en même temps qu’en ramassant l’ivraie (Mt 13, 29-30). Le service tel que manifesté par la vie de Jésus, « le Fils de l'homme lui-même n'est pas venu pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour une multitude » (Mc 10, 45), vient tout juste après.
Paul énonce ensuite une série de caractéristiques qui manifestent un manque de charité causées par une trop grande considération ou estime de soi-même ou un souci insuffisant du bien et de la justice : elle n'est pas envieuse ; la charité ne fanfaronne pas, ne se gonfle pas ; elle ne fait rien d'inconvenant, ne cherche pas son intérêt, ne s'irrite pas, ne tient pas compte du mal ; elle ne se réjouit pas de l'injustice.
La charité met sa joie dans la vérité et la justice qui découle de cette vérité. Il n’y a pas d’amour possible dans le mensonge ou dans les situations d’iniquité. La charité excuse tout, croit tout, espère tout, supporte tout. La charité est prédisposition favorable envers autrui. Le premier mouvement de la charité n’est pas de juger l’autre mais de l’excuser, marchant ainsi dans les pas de Jésus : « Dieu n'a pas envoyé son Fils dans le monde pour juger le monde, mais pour que le monde soit sauvé par lui » (Jn 3, 17). La charité croit tout, espère tout, elle croit particulièrement que le sort de personne n’est jamais joué jusqu’à son dernier souffle, même celui des plus grands pécheurs et, en conséquence s’efforce inlassablement de leur manifester quelque chose de la bonté de Dieu, espérant toujours en une éventuelle conversion fut-ce au tout dernier moment comme pour le larron crucifié au côté de Jésus. La charité supporte tout, elle endure spécialement, par amour de Jésus et selon son enseignement : « Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent, bénissez ceux qui vous maudissent, priez pour ceux qui vous diffament » (Lc 6, 27-28), les personnes qui lui sont antipathiques sans manifestation extérieure qui puisse laisser transparaître son agacement ainsi que suggéré par Thérèse de Lisieux et sa petite voie.
La charité ne passe jamais. C’est la seule chose qui demeurera de nous pour l’éternité. La miséricorde de Dieu et notre « capacité » à accueillir et manifester l’amour développée en cette vie par nos actes de charité constituent les deux clés qui nous donneront accès à partager l’existence de Dieu pour l’éternité, la première important considérablement plus que la seconde.