Accueillir le Royaume de Dieu à la manière d'un enfant

Celui qui n’accueille pas le royaume de Dieu à la manière d’un enfant n’y entrera pas. Qu’est-ce que cela veut dire ? Ce qui caractérise les enfants (avant qu’on ne leur apprenne à agir autrement) c’est la gratuité. Les enfants donnent et reçoivent sans arrière-pensée, par pur amour. Pour espérer accéder au Royaume, il nous agir par pur amour, accueillir la gratuité du don offert par Dieu dont le prix a été entièrement acquitté par les souffrances du Christ lors de la Passion. Contrairement à la première impression qui se dégage de la lecture du chapitre 10 de Marc, cette remarque de Jésus est directement reliée au texte qui précède. Les pharisiens se soumettaient à quantité de règles pour « gagner leur ciel ». Ils en créaient même, notamment des échappatoires pour éviter de se soumettre à la Volonté de Dieu exprimée dans ses préceptes : « Vous rejetez bel et bien le commandement de Dieu pour observer votre tradition. En effet, Moïse a dit : Honore ton père et ta mère. Et encore : Celui qui maudit son père ou sa mère sera mis à mort. Et vous, vous dites : 'Supposons qu'un homme déclare à son père ou à sa mère : Les ressources qui m'auraient permis de t'aider sont corbane, c'est-à-dire offrande sacrée. ' Vous l'autorisez à ne plus rien faire pour son père ou sa mère, et vous annulez la parole de Dieu par la tradition que vous transmettez. Et vous faites beaucoup de choses du même genre. »  (Mc 7, 9-13). Or, l’accès au Royaume n’est pas affaire de règles mais d’Amour. Quand à la règle proprement dite dont il est question, ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas, ce que Jésus condamne spécifiquement, c’est : « Celui qui renvoie sa femme et en épouse une autre devient adultère envers elle. Si une femme qui a renvoyé son mari en épouse un autre, elle devient adultère. » La raison est fort simple. Si nous pouvons changer de conjoint comme bon nous semble, l’autre devient pour nous un objet, pire, un objet jetable ! Cette instrumentalisation de l’autre est contraire à l’amour, cet amour qui donne accès au Royaume. Cela ne signifie pas qu’il n’y ait pas de raison valable de quitter un conjoint…

Que dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle?  (Lc 10, 25)

Je bannis de mon vocabulaire l’expression « gagner son ciel » car ce ciel nous est offert gratuitement par Dieu et c’est faire injure à sa Bonté (et possiblement nous disqualifier de ce bien que nous espérons) que de chercher à nous l’approprier par de « prétendus » mérites de notre part. Quant aux règles énoncées dans la Parole de Dieu, je les prends pour ce qu’elles sont : des indications sur la manière de manifester l’amour que Dieu attend de moi dans des circonstances spécifiques. Mais en toutes choses, je m’efforce de suivre non pas la lettre de ces indications mais leur esprit, ce qui peut m’amener plus loin encore comme Jésus lui-même l’a dit : « N'allez pas croire que je sois venu abolir la Loi ou les Prophètes: je ne suis pas venu abolir, mais accomplir» (Mt 5, 17). Je m’efforce de suivre la recommandation d’Augustin d’Hippone : « Aime et fais ce que tu veux ». Ainsi, j’accueillerai le Royaume à la manière d’un enfant.