Méditations sur les enseignements bibliques pour le quotidien d'aujourd'hui
26 Novembre 2008 Pensées
Perversion du bien
Pourquoi est-il impossible de faire du bien à quelqu'un sans lui faire de mal ? Pourquoi est-il impossible d'aimer quelqu'un sans le détruire ?
– Amélie Nothomb (1967- )
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Voilà des questions intéressantes qui méritent réponse. Comment pouvons-nous obtenir de mauvais résultats en accomplissant des actes qui sont apparemment bons et désirables à savoir donner et aimer ?
Faut-il préciser, à prime abord, que le mot impossible employé par l’auteure est exagéré. Nous connaissons tous des gens qui donnent sans que les récipiendaires ne se sentent amoindris de quelque manière ou qui aiment tout en permettant aux bénéficiaires de cet amour de s’épanouir. Par contre, nous rencontrons également, hélas trop souvent, des gens dont l’amour et le don indisposent de quelque manière l’objet de leur bonté. Aussi convient-il de remplacer le mot impossible par difficile. Alors pourquoi est-il difficile de faire du bien ou d’aimer quelqu’un sans provoquer quelque effet négatif sur le destinataire ?
Amour et don impliquent la gratuité. Dès que leur auteur entretient, ne serait-ce qu’un minime espoir de retour, il les pervertit et ceux-ci ne peuvent plus, dès lors, avoir tout l’effet bénéfique qui devrait être le leur et même donner un résultat contraire. Combien de fois entend-on : « Comment peux-tu me faire cela, à moi, après tout ce que j’ai pu faire pour toi ? », dans la bouche de parents ou de proches désabusés. Ce commentaire comporte la réponse dans sa formulation. Ce qui semblait être gratuit, le don ou l’amour, ne l’était pas dans l’esprit du donateur, celui-ci souhaitant secrètement être payé de retour, asservir en quelque sorte l’objet de ses « bons sentiments ». De même, l’amour qui tente de transformer son objet pour le rendre plus « aimable », constitue plus de l’égoïsme, de l’amour de soi, que de l’amour d’autrui, aimer véritablement l’autre étant l’aimer tel quel avec ses défauts et ses faiblesses.
Celui qui poursuit l’idéal évangélique, agit à l’image de Dieu par pure gratuité : « Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement. » (Mt 10, 8), « quand tu fais l'aumône, que ta main gauche ignore ce que fait ta main droite » (Mt 6, 3), « Aimez vos ennemis, et priez pour vos persécuteurs, afin de devenir fils de votre Père qui est aux cieux, car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et tomber la pluie sur les justes et sur les injustes. » (Mt 5, 44-45). Alors seulement ses gestes auront-ils plus que l’apparence de la bonté et produiront-ils tout le bien qu’ils sont censés accomplir sans effets secondaires indésirables.