Avidité

Le monde a des capacités limitées. Un système économique comme le capitalisme, qui encourageait et se fondait même sur l’enrichissement personnel en postulant que la richesse créée par un individu était bénéfique à la société toute entière, fonctionnait bien tant que les ressources disponibles excédaient la capacité de consommation de ses habitants. Cependant, plus on tend vers les limites, les dépassant même à  l’occasion, moins un système fondé sur l’avidité personnelle n’est approprié pour satisfaire les exigences du bien commun car ce que s’approprie l’un en excédent de ses besoins réels est enlevé à d’autres qui s’appauvrissent quand ce ne sont pas les générations futures qui paieront la note. Le constat de plusieurs études économiques à savoir que l’écart entre les riches et les pauvres va s’accroissant ne fait que confirmer que l’on tend vers les limites de l’exploitation des ressources à notre disposition. Certes nous ne pouvons, à nous seuls, faire une différence significative mais cela doit pas nos décourager de faire des efforts afin de limiter notre consommation personnelle comme le font ceux qui adhère à des mouvements de simplicité volontaire ou encore de joindre notre voix à ceux qui s’opposent à une exploitation effrénée de richesses non renouvelables non seulement pour les préserver pour les générations futures mais encore pour prévenir une dégradation de l’environnement causée par les techniques employées ne pouvant éliminer les effets secondaires indésirables. Dans cette lutte contre l’avidité humaine, il n’y a pas de contribution, aussi infime soit-elle qui ne compte : Nous ne sommes qu’une goutte d’eau dans l’océan, mais si nous n’existions pas cette goutte d’eau manquerait à l’océan (Mère Teresa).

La lutte contre l’avidité constitue l’un des principaux combats du spirituel car l’avidité non seulement va à l’encontre du principe de destination universelle des biens voulue par le Créateur mais encore constitue un manque d’amour envers celui qui se voit privé parce que d’autres consomment et accumulent plus que requis. Jésus questionne dans une parabole cette attitude consistant à vouloir toujours avoir plus : « Il y avait un homme riche, dont les terres avaient beaucoup rapporté. Il se demandait : 'Que vais-je faire ? Je ne sais pas où mettre ma récolte.' Puis il se dit : 'Voici ce que je vais faire : je vais démolir mes greniers, j'en construirai de plus grands et j'y entasserai tout mon blé et tout ce que je possède. Alors je me dirai à moi-même : Te voilà avec des réserves en abondance pour de nombreuses années. Repose-toi, mange, bois, jouis de l'existence.' Mais Dieu lui dit : 'Tu es fou : cette nuit même, on te redemande ta vie. Et ce que tu auras mis de côté, qui l'aura ?' Voilà ce qui arrive à celui qui amasse pour lui-même, au lieu d'être riche en vue de Dieu » (Lc 12, 16-21).