Bible et morale (8)

Chapitre 1. Critères fondamentaux.

1) Conformité à la vision biblique de l’être humain.

Selon le cardinal Joseph Ratzinger l’apport spécifique de la sainte Écriture au domaine moral est double : a) le discernement de ce qui est véritablement humain et la purification de tout ce qui est déshumanisant et b) son insertion dans un nouveau contexte de signification, celui de l’alliance. Sa nouveauté consiste à intégrer la contribution humaine mais en la transfigurant à la lumière divine de la Révélation qui culmine avec le Christ, nous offrant ainsi le chemin authentique de vie. Sans Dieu on ne peut construire aucune éthique. Même le Décalogue est plus don que loi, pas une liste de préceptes définis pour eux-mêmes mais un dynamisme ouvert à un approfondissement toujours plus grand.

Quand il s’agit de porter un jugement moral on se posera deux questions :

a)      Telle position morale est-elle conforme à la théologie de la création, la vision de l’être humain dans toute sa dignité en tant qu’image de Dieu (Gn 1, 26) ?

b)      Est-elle conforme à la théologie de l’alliance, la vision de l’être humain appelé, tant collectivement que personnellement à une communion intime avec Dieu et à la construction d’une humanité nouvelle trouvant son achèvement dans le Christ ?

À l’exemple de Jésus qui a élargi la portée des préceptes pour l’ouvrir à des perspectives plus larges (Tu ne tueras pas allant maintenant jusqu’à éviter de blesser son frère par la colère ou des paroles injurieuses ; Tu ne seras pas adultère vois l’interdit s’étendre même à désirer le commettre). Ainsi le respect de la vie peut s’étendre à tout ce qui touche la dignité humaine, l’intégration sociale et la croissance spirituelle. Au plan biologique, cela prémunit l’homme contre toute tentation de s’arroger un pouvoir sur la vie, la sienne comme celle des autres. Le respect de la vie peut même déborder les intérêts de la seule humanité pour fonder une réflexion sur l’écologie de la planète et l’équilibre des espèces animales et végétales.

2) Conformité à l’exemple de Jésus

L’imitation de Jésus se trouve au cœur de la morale chrétienne. Les Béatitudes affirment la dignité fondamentale de l’être humain sous les traits des personnes les plus défavorisées. Jésus propose non seulement une justice qui dépasse les exigences de la loi mais en est le modèle : « N’allez pas croire que je sois venu abolir la loi ou les prophètes; je ne suis pas venu abolir, mais accomplir » (Mt 5, 17). Dieu y est présenté comme le modèle de tout agir « Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait » (Mt 5, 48) et conséquemment Jésus incite à « chercher d’abord le Royaume et sa justice » (Mt 6, 33) et à « faire la volonté du Père qui est aux cieux » (Mt 7, 21). Désormais, en régime chrétien, toute norme morale se situe dans le cadre dynamique d’une relation filiale. L’attitude du disciple doit jaillir d’un lien intérieur avec Dieu et éviter tout calcul, toute recherche de profit ou de louange humaine. Les disciples sont incités à adopter une manière d’agir qui reflète dès maintenant la réalité future du Règne de Dieu dont la réconciliation, le pardon et l’amour inconditionnel. Les orientations données par Jésus ont valeur de véritables impératifs moraux.