Chassez le naturel

 Chassez le naturel et il revient au galop ! Qu'y a-t-il de plus humain que de rechercher la reconnaissance des autres ? Les apôtres ne font pas exception ! Jésus éveille leur conscience. Il ne leur adresse aucun reproche. Il leur pose une simple question : « De quoi discutiez-vous en chemin ? »  Et eux se taisent car ils réalisent à ce moment précis avoir mal agi. Admirons et prenons modèle sur la délicatesse de Jésus. Si Jésus connaît bien l'homme, il connaît aussi l'Ennemi et sait qu'il faut constamment demeurer sur ses gardes car ce dernier ne lâche pas facilement le morceau : «Lorsque l’esprit impur est sorti d’un homme, il va par des lieux arides, cherchant du repos, et il n’en trouve point. Alors il dit: Je retournerai dans ma maison d’où je suis sorti; et, quand il arrive, il la trouve vide, balayée et ornée.Il s’en va, et il prend avec lui sept autres esprits plus méchants que lui; ils entrent dans la maison, s’y établissent, et la dernière condition de cet homme est pire que la première.» (Mt 12, 43-45). L'un des pièges auquel nous succombons le plus facilement est celui de l'orgueil. Montrons-nous donc particulièrement vigilant à l'égard de dernier. « Si quelqu'un veut être le premier, qu'il soit le dernier de tous et le serviteur de tous. », qu'il travaille à aider les autres à le rattrapper et même à le dépasser. Non seulement fera-t-il preuve d'un grand amour mais placera-t-il la cellule sociale au sein de laquelle il opère dans une position de gagnante.

Dans l'autre partie Jésus nous enseigne que la grandeur véritable, celle de l'âme, ne se retrouve point dans la reconnaissance que l'on reçoit des autres mais dans ce qu'on leur donne de nous-mêmes, dans le service des autres. «Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis» (Jn 15, 13). Servir c'est exactement cela : donner sa vie pour ses amis. D'ailleurs le progrès d'une équipe sportive, celui d'une organisation voire une société entière se mesure non pas à la progression de son élite mais bien à celle des derniers, de moins bons, des délaissés. Dans le sport d'équipe, une équipe est aussi bonne que son pire joueur. Les équipes reposant sur quelques joueurs peuvent connaître des succès mais ceux-ci tiennent à la bonne santé de ces éléments et peuvent se révéler éphémères. Celles qui peuvent compter sur la contribution de tous leurs éléments sont beaucoup plus susceptible de pouvoir répéter jour après jour leurs bonnes performances.

La vie éternelle on y parvient pas seul mais en famille, en groupe, en communauté, en Église. Qui pense autrement se leurre et risque de perdre sa vie à vouloir la gagner égoïstement.