Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Méditations sur les enseignements bibliques pour le quotidien d'aujourd'hui

Dirigeant

     

 

Dirigeant

 

Ne considère pas son apparence ni sa haute taille, car je l'ai écarté. Dieu ne regarde pas comme les hommes, car les hommes regardent l'apparence, mais le Seigneur regarde le cœur.

 

1 Samuel 16, 7

 

 

Pourquoi tout va mal ? s’interroge le docteur Laurence J. Peterdans le livre auquel il a donné ce titre. Ce livre constitue un véritable réquisitoire contre l’incompétence qu’il blâme comme étant la source de tous les maux, incompétence qui découle du désir de l’homme de s’élever toujours davantage dans la hiérarchie de sorte qu’il atteint inéluctablement un niveau où les compétences requises pour occuper la fonction convoitée excèdent ses capacités. Ce que je n’aime pas dans la théorie du docteur Peters, c’est qu’intelligence rime avec compétence (à gouverner) et également le pessimisme qui s’en dégage à savoir que nous sommes dirigés par des incompétents qui, s’ils ne le sont pas aujourd’hui, le deviendront demain.

 

Si le docteur Peters a identifié, sans la nommer, la bonne cible à la source d’une grande part des maux qui nous affligent, à savoir l’orgueil, je crois par contre qu’il se trompe grandement quand il laisse entendre que l’habileté à diriger découle des connaissances d’une personne alors que cela n’a rien à y voir car diriger est d’abord une question de jugement mais surtout, comme le rapporte le prophète Samuel, une question de cœur. Les deux plus grands rois d’Israël ont été David, un homme selon le cœur de Dieu et son fils Salomon auquel Dieu a donné la Sagesse suite à son humble prière : « Dieu se montra à Salomon et lui dit: "Demande ce que je dois te donner." Salomon répondit à Dieu: "Tu as témoigné une grande bienveillance à David mon père et tu m'as établi roi à sa place. Yahvé Dieu, la promesse que tu as faite à mon père David s'accomplit maintenant puisque tu m'as établi roi sur un peuple aussi nombreux que la poussière de la terre. Donne-moi donc à présent sagesse et savoir pour agir en chef à la tête de ce peuple, car qui pourrait gouverner un peuple aussi grand que le tien?" Dieu dit à Salomon: "Puisque tel est ton désir, puisque tu n'as demandé ni richesse, ni trésors, ni gloire, ni la vie de tes ennemis, puisque tu n'as pas même demandé de longs jours, mais sagesse et savoir pour gouverner mon peuple dont je t'ai établi roi, la sagesse et le savoir te sont donnés. Je te donne aussi richesse, trésors et gloire comme n'en eut aucun des rois qui t'ont précédé et comme n'en auront point ceux qui viendront après toi." » (2 Ch 1, 7-12).

 

Si tout va mal, c’est que nous regardons aux apparences comme le reproche Dieu à Samuel plutôt qu’avec le cœur lorsque vient le temps de choisir un dirigeant. Dans plusieurs démocraties occidentales, le moment crucial d’une campagne électorale est l’incontournable débat télévisé où chacun épie le moindre clignement de l’œil, la moindre hésitation, pour se faire une idée du vainqueur du combat des images, de celui qui obtiendra son vote. Le docteur Peters met la faute de l’incompétence sur l’orgueil individuel qui nous incite à nous élever au-delà de nos capacités mais là n’est pas le seul coupable. L’orgueil collectif l’est tout autant, sinon plus, car nous voulons des personnes de belle apparence pour nous diriger, qui disent de belles paroles même si nous nous doutons qu’elles sont mensongères, qui affichent de l’assurance devant un problème même si elles n’ont pas la moindre piste de solution… Nous fabriquons nous-mêmes les monstres d’incompétence qui finissent par nous diriger en accordant de l’importance aux apparences plutôt qu’au cœur comme le fait Dieu.

 

L’incompétence diminuera grandement si nous élisons des gens qui avouent humblement ne pas connaître toutes les solutions mais sont déterminées à écouter les autres et Dieu pour les découvrir, qui n’imposeront pas leur vision comme une dogme infaillible mais chercheront à découvrir la réponse appropriée à donner aux événements, peu importe d’où provienne la solution, fut-ce du camp adverse, des gens de cœur qui se laisseront toucher par la misère humaine et feront tout en leur pouvoir pour y remédier, qui mettront le bien commun au sommet de leurs priorités fut-ce au détriment de leur avantage personnel. L’incompétence et la souffrance qui en découle diminueraient grandement si ceux qui sont au sommet étaient des personnes humbles comme Salomon, des personnes selon le cœur de Dieu, qui sont là pour servir le bien commun plutôt que pour se servir ou se faire servir. La gouvernance n’est qu’un moyen de servir et non une fin en soi. Ce qui nous amène à l’autre parole du jour : « Le sabbat a été fait pour l'homme, et non pas l'homme pour le sabbat » (Mc 2, 27). Évitons de confondre fins et moyens. Notre monde ne s’en portera que mieux.

Article précédent Article suivant
Retour à l'accueil
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article