Méditations sur les enseignements bibliques pour le quotidien d'aujourd'hui
Histoire du salut
Souvent, dans le passé, Dieu a parlé à nos pères par les prophètes sous des formes fragmentaires et variées ; mais, dans les derniers temps, dans ces jours où nous sommes, il nous a parlé par ce Fils qu'il a établi héritier de toutes choses et par qui il a créé les mondes. Reflet resplendissant de la gloire du Père, expression parfaite de son être, ce Fils, qui porte toutes choses par sa parole puissante, après avoir accompli la purification des péchés, s'est assis à la droite de la Majesté divine au plus haut des cieux
Lettre de Paul aux Hébreux 1, 1-3
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L’apôtre Paul résume toute l’histoire du salut en quelques mots.
Amour, Dieu a créé le monde par amour, par « besoin » de se donner, de se communiquer. L’immense écart existant entre le Créateur et la créature rend difficile pour ne pas dire impossible pour cette dernière d’aimer Dieu, de lui donner l’assentiment libre de sa volonté, si Celui-ci se laissait voir à elle ou lui donnait une preuve indéniable de son existence. Dieu a donc posé comme contrainte à son action de ne pas donner de « claire vision » de Lui-même aux vivants tel qu’Il l’indique à Moïse : « tu ne peux pas voir ma face, car l'homme ne peut me voir et vivre » (Ex 33, 20).
Souvent, dans le passé, Dieu a parlé à nos pères par les prophètes. Pour se révéler au monde, Dieu s’est choisi un peuple, l’un des plus petits d’entre tous, conformément à la logique exposée par Paul aux Corinthiens : « ce qu'il y a de faible dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi pour confondre ce qui est fort; ce qui dans le monde est sans naissance et ce que l'on méprise, voilà ce que Dieu a choisi; ce qui n'est pas, pour réduire à rien ce qui est, afin qu'aucune chair n'aille se glorifier devant Dieu » (1 Co 1, 27-29). La petitesse des messagers contraint même les adversaires de Dieu de reconnaître son action à travers eux, leur succès ne pouvant être imputé à leur mérite : « Les Égyptiens dirent: "Fuyons devant Israël car Yahvé combat avec eux contre les Égyptiens!" » (Ex 14, 25).
Sous des formes fragmentaires et variées. Comme le bébé ne peut se nourrir d’aliments solides dès sa naissance mais doit de contenter de lait, de même Dieu a-t-Il dû faire une révélation progressive de Lui-même à des hommes qui n’étaient pas en mesure d’accueillir la Vérité toute entière. Les personnes qui enseignent aux catéchumènes font une expérience similaire : « Pour moi, frères, je n'ai pu vous parler comme à des hommes spirituels, mais comme à des êtres de chair, comme à de petits enfants dans le Christ. C'est du lait que je vous ai donné à boire, non une nourriture solide; vous ne pouviez encore la supporter » (1 Co 3, 1-2).
Mais, dans les derniers temps, dans ces jours où nous sommes, il nous a parlé par ce Fils qu'il a établi héritier de toutes choses et par qui il a créé les mondes. Dans son désir de se rapprocher des hommes, Dieu a revêtu la chair dans la personne du Fils afin de faire de nous des fils adoptifs (Ép 1, 5) et de payer Lui-même la rançon de nos péchés, la purification des péchés, par le sacrifice de la croix, sacrifice qui a démontré l’amour infini de Dieu pour les hommes. Dans les derniers temps ne signifie pas la proximité de la fin du monde. Ces temps sont les derniers dans l’histoire de la Révélation que Dieu fait de Lui-même au monde. Il a tout dit de Lui-même en Jésus-Christ. Il se révèle Amour. Le Catéchisme de l’Église catholique explique la finalité de la Révélation :
L’Économie chrétienne, étant l’Alliance Nouvelle et définitive, ne passera donc jamais et aucune nouvelle révélation publique n’est dès lors à attendre avant la manifestation glorieuse de notre Seigneur Jésus-Christ " (DV 4). Cependant, même si la Révélation est achevée, elle n’est pas complètement explicitée ; il restera à la foi chrétienne d’en saisir graduellement toute la portée au cours des siècles.
Au fil des siècles il y a eu des révélations dites " privées ", dont certaines ont été reconnues par l’autorité de l’Église. Elles n’appartiennent cependant pas au dépôt de la foi. Leur rôle n’est pas d’ " améliorer " ou de " compléter " la Révélation définitive du Christ, mais d’aider à en vivre plus pleinement à une certaine époque de l’histoire. Guidé par le Magistère de l’Église, le sens des fidèles sait discerner et accueillir ce qui dans ces révélations constitue un appel authentique du Christ ou de ses saints à l’Église.
La foi chrétienne ne peut pas accepter des " révélations " qui prétendent dépasser ou corriger la Révélation dont le Christ est l’achèvement. C’est le cas de certaines religions non chrétiennes et aussi de certaines sectes récentes qui se fondent sur de telles " révélations ". (CEC 66-67)
Jésus s'est assis à la droite de la Majesté divine au plus haut des cieux. Paul reprend l’affirmation de Marc décrivant l’Ascension : « Or le Seigneur Jésus, après leur avoir parlé, fut enlevé au ciel et il s'assit à la droite de Dieu » (Mc 16, 19). Ce retour de Jésus vers le Père ouvre les portes de la vie éternelle à tous les hommes conformément à la promesse qu’il avait faite à ses disciples de son vivant : « Dans la maison de mon Père, il y a de nombreuses demeures; sinon, je vous l'aurais dit; je vais vous préparer une place. Et quand je serai allé et que je vous aurai préparé une place, à nouveau je viendrai et je vous prendrai près de moi, afin que, là où je suis, vous aussi, vous soyez » (Jn 14, 2-3). Ainsi, la boucle est bouclée : l’homme qui est issu de Dieu peut désormais retourner vers Lui et L’aimer pour l’éternité selon le dessein initial de l’acte créateur.
Pour une explication plus détaillée de « s'est assis à la droite de la Majesté divine au plus haut des cieux » voici reproduit ci-après un extrait du Catéchisme qui en traite :
Cette dernière étape demeure étroitement unie à la première, c’est-à-dire à la descente du ciel réalisée dans l’Incarnation. Seul celui qui est " sorti du Père " peut " retourner au Père " : le Christ (cf. Jn 16, 28). " Personne n’est jamais monté aux cieux sinon le Fils de l’Homme qui est descendu des cieux " (Jn 3, 13 ; cf. Ep 4, 8-10). Laissée à ses forces naturelles, l’humanité n’a pas accès à la " Maison du Père " (Jn 14, 2), à la vie et à la félicité de Dieu. Le Christ seul a pu ouvrir cet accès à l’homme, " de sorte que nous, ses membres, nous ayons l’espérance de le rejoindre là où Lui, notre Tête et notre Principe, nous a précédés " (MR, Préface de l’Ascension)
" Moi, une fois élevé de terre, j’attirerai tous les hommes à moi " (Jn 12, 32). L’élévation sur la Croix signifie et annonce l’élévation de l’Ascension au ciel. Elle en est le début. Jésus-Christ, l’unique Prêtre de l’Alliance nouvelle et éternelle, n’est pas " entré dans un sanctuaire fait de mains d’hommes (...) mais dans le ciel, afin de paraître maintenant à la face de Dieu en notre faveur " (He 7, 24). Au ciel le Christ exerce en permanence son sacerdoce, " étant toujours vivant pour intercéder en faveur de ceux qui par lui s’avancent vers Dieu " (He 9, 25). Comme " grand prêtre des biens à venir " (He 9, 11), il est le centre et l’acteur principal de la liturgie qui honore le Père dans les cieux (cf. Ap 4, 6-11).
Le Christ, désormais, siège à la droite du Père : : " Par droite du Père nous entendons la gloire et l’honneur de la divinité, où celui qui existait comme Fils de Dieu avant tous les siècles comme Dieu et consubstantiel au Père, s’est assis corporellement après qu’il s’est incarné et que sa chair a été glorifiée " (S. Jean Damascène, f. o. 4, 2 : PG 94, 1104C).
La session à la droite du Père signifie l’inauguration du règne du Messie, accomplissement de la vision du prophète Daniel concernant le Fils de l’homme : " À lui fut conféré empire, honneur et royaume, et tous les peuples, nations et langues le servirent. Son empire est un empire à jamais, qui ne passera point et son royaume ne sera point détruit " (Dn 7, 14). À partir de ce moment, les apôtres sont devenus les témoins du " Règne qui n’aura pas de fin " (Symbole de Nicée-Constantinople). (CEC 661-664)