Méditations sur les enseignements bibliques pour le quotidien d'aujourd'hui
12 Novembre 2012 Parole du jour
Nous sommes des serviteurs quelconques
Jésus disait aux Apôtres : " Lequel d'entre vous, quand son serviteur vient de labourer ou de garder les bêtes, lui dira à son retour des champs : 'Viens vite à table'? Ne lui dira-t-il pas plutôt : 'Prépare-moi à dîner, mets-toi en tenue pour me servir, le temps que je mange et que je boive. Ensuite tu pourras manger et boire à ton tour. 'Sera-t-il reconnaissant envers ce serviteur d'avoir exécuté ses ordres ? De même vous aussi, quand vous aurez fait tout ce que Dieu vous a commandé, dites-vous : 'Nous sommes des serviteurs quelconques : nous n'avons fait que notre devoir. ' »
Luc 17, 7-10
|
Jésus invite à l’humilité : quand vous aurez fait tout ce que Dieu vous a commandé, dites-vous : 'Nous sommes des serviteurs quelconques : nous n'avons fait que notre devoir. ' » . Dieu étant Tout, il ne nous est pas possible de Lui rajouter, de l’enrichir par le fruit de nos œuvres ou d’accroître de quelque manière sa gloire. Tout au plus, nous est-il donné de coopérer avec la grâce qu’Il nous a préalablement communiquée, le désir de faire le bien qu’Il a mis dans notre cœur ou celui, comme l’apôtre Paul, de communiquer la Bonne Nouvelle du Salut : « Annoncer l'Évangile, ce n'est pas là mon motif d'orgueil, c'est une nécessité qui s'impose à moi ; malheur à moi si je n'annonçais pas l'Évangile ! Certes, si je le faisais de moi-même, je recevrais une récompense du Seigneur. Mais je ne le fais pas de moi-même, je m'acquitte de la charge que Dieu m'a confiée. Alors, pourquoi recevrai-je une récompense ? » (1 Co 9, 16-18).
Mais il y a plus encore. L’humilité constitue un pré requis de l’amour. Sans humilité l’amour est impossible. Dès que nous pensons en termes de mérite, l’amour n’existe plus et nos relations avec les autres et Dieu ne deviennent qu’un vulgaire échange commercial où est proscrite la gratuité, caractéristique pourtant essentielle de l’amour. Efforçons-nous donc d’accomplir le désir de bien mis par Dieu en notre cœur sans espoir de retour, ne comptant que sur son Amour, sur son infinie miséricorde pour nous donner de Le rejoindre pour l’éternité au terme de notre course. Sans parler de « mérite », il nous est tout de même possible d’incliner la divine miséricorde en notre faveur : « Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde » (Mt 5, 7). Qu’est-ce à dire ? Si ce que nous accomplissons importe peu, il en va autrement de la manière dont nous le faisons. Nos actions prennent de la valeur dans la mesure où nous leur incorporons l’onction de l’amour, le plus de l’amour qui fait toute la différence. L’État providence peut chercher à satisfaire les besoins des citoyens, il ne pourra jamais répondre au plus fondamental de ceux-ci : le besoin d’amour inscrit au plus profond de chaque être. La touche d’amour est ce qui devrait caractériser l’action des croyants et des organisations caritatives chrétiennes, un amour qu’ils puisent à sa source : Dieu.
Je terminerai en livrant à votre réflexion le paragraphe 35 de la lettre encyclique Deus caritas est de Benoît XVIaxé autour de l’affirmation de Jésus à l’effet que nous sommes des serviteurs quelconques :
Cette juste manière de servir rend humble celui qui agit. Il n’assume pas une position de supériorité face à l’autre, même si la situation de ce dernier peut à ce moment-là être misérable. Le Christ a pris la dernière place dans le monde – la croix – et, précisément par cette humilité radicale, il nous a rachetés et il nous aide constamment. Celui qui peut aider, reconnaît que c’est justement de cette manière qu’il est aidé lui-aussi. Le fait de pouvoir aider n’est ni son mérite ni un titre d’orgueil. Cette tâche est une grâce. Plus une personne œuvre pour les autres, plus elle comprendra et fera sienne la Parole du Christ : «Nous sommes des serviteurs quelconques» (Lc 17, 10). En effet, elle reconnaît qu’elle agit non pas en fonction d’une supériorité ou d’une plus grande efficacité personnelle, mais parce que le Seigneur lui en fait don. Parfois, le surcroît des besoins et les limites de sa propre action pourront l’exposer à la tentation du découragement. Mais c’est alors justement que l’aidera le fait de savoir qu’elle n’est, en définitive, qu’un instrument entre les mains du Seigneur ; elle se libérera ainsi de la prétention de devoir réaliser, personnellement et seule, l’amélioration nécessaire du monde. Humblement, elle fera ce qu’il lui est possible de faire et, humblement, elle confiera le reste au Seigneur. C’est Dieu qui gouverne le monde et non pas nous. Nous, nous lui offrons uniquement nos services, pour autant que nous le pouvons, et tant qu’il nous en donne la force. Faire cependant ce qui nous est possible, avec la force dont nous disposons, telle est la tâche qui maintient le bon serviteur de Jésus-Christ toujours en mouvement: «L’amour du Christ nous pousse» (2 Co 5,14).