Pitié

Tout juste après le récit des notables de la ville et du centurion qui obtiennent par leur intercession la guérison de l’esclave de ce dernier, se trouve celui de la résurrection du fils de la veuve de Naïm qui intervient sans que personne ne demande quoi que ce soit pour la seule raison que le cortège funèbre croise la route de Jésus qui fut saisi de pitié à sa vue. Certes, il ne nous est pas donné comme à Jésus de ressusciter les morts mais il se trouve d’autres morts qui croisent notre route et pour lesquels nous pouvons quelque chose : ceux qui souffrent de mort morale, qui sont déprimés, abattus, et dont la détresse mène trop souvent à une mort physique et irréversible. Que pouvons-nous pour eux ? Un sourire, un bon mot, prendre le temps de les écouter et se montrer compatissants, voilà autant de gestes qui peuvent leur redonner vie. Comment les reconnaître ? Si certains ne se gênent pas pour étaler au grand jour les problèmes qui les affligent, la plupart demeurent discrets, aussi ne devons-nous pas limiter nos bons gestes à quelques-uns mais prendre du temps pour tous, ne serait-ce que pour leur offrir le sourire qui ensoleillera une journée qui aurait été autrement assombrie par la morosité.

Au-delà de la mort physique et morale, il y a la mort spirituelle qui est d’autant plus dramatique que ses conséquences n’auront pas de fin. Que pouvons-nous y faire ? D’abord, comme Mère Teresa, laisser Dieu manifester son amour pour l’homme, pour tout homme, à travers nous. Puis, il est de notre devoir de les informer, dans la charité, des comportements qui les éloignent de Dieu et de son plan de salut : « Votre Père qui est aux cieux ne veut pas qu'un seul de ces petits se perde. Si ton frère vient à pécher, va le trouver et reprends-le, seul à seul… » (Mt 18, 14-17). Enfin, nous pouvons intercéder pour eux auprès de Jésus par la prière, lui qui, comme le démontre le récit de la veuve de Naïm n’est pas indifférent à la misère humaine : « En Jésus, nous n'avons pas un grand prêtre impuissant à compatir à nos faiblesses, lui qui a été éprouvé en tout, d'une manière semblable, à l'exception du péché. Avançons-nous donc avec assurance vers le trône de la grâce afin d'obtenir miséricorde et de trouver grâce, pour une aide opportune » (He 4, 15-16). Il ne faut pas oublier que, dans la vie de Jésus, les miracles physiques ne faisaient que manifester la guérison spirituelle qu’il était venu apporter : « Quel est le plus facile, de dire: Tes péchés te sont remis, ou de dire: Lève-toi et marche? Eh bien! pour que vous sachiez que le Fils de l'homme a le pouvoir sur la terre de remettre les péchés, je te l'ordonne, dit-il au paralysé, lève-toi et, prenant ta civière, va chez toi » (Lc 5, 23-24).