Reconnaissance

Pourquoi la reconnaissance est-elle si importante ? D’abord, elle agrée le don reçu, elle constitue le signe tangible de son acceptation et de l’estimation de la valeur accordée au geste par le récipiendaire. Ensuite, elle manifeste notre dépendance les uns envers les autres et contribue à resserrer les liens qui nous unissent. Enfin, elle prédispose le donateur à répéter son geste de gratuité, avec nous ou avec d’autres, permettant à la bonté de continuer de se répandre. Là où la reconnaissance fait défaut, la charité faiblit et l’on passe d’une philosophie de vie où chacun donne généreusement, se sachant lui-même reçu des autres, à une conception contraire où chacun considère que tout lui est dû et où disparaît la gratuité qui fait la noblesse de l’homme.

La reconnaissance constitue un devoir essentiel de l’homme, particulièrement du croyant, envers Dieu. Comment peut-on prétendre croire en Dieu et dire s’être fait soi-même, nier en paroles ou par l’indifférence des actes que les bonnes choses proviennent de Dieu ? Jésus ne manque pas de souligner l’importance de la reconnaissance à laquelle il accorde une valeur plus grande que le don lui-même, surtout si celle-ci s’adresse à Dieu. À Judas qui reproche à Marie, sœur de Lazare, d’avoir versé un parfum de grande valeur sur ses pieds pour lui manifester sa gratitude,  «Pourquoi n'a-t-on pas vendu ce parfum pour trois cents pièces d'argent, que l'on aurait données à des pauvres ? », Jésus rétorque : « Laisse-la ! Il fallait qu'elle garde ce parfum pour le jour de mon ensevelissement. Des pauvres, vous en aurez toujours avec vous, mais moi, vous ne m'aurez pas toujours »  (Jn 12, 5.7-8), laissez-la montrer sa reconnaissance pendant qu’il est encore temps de le faire, bientôt je ne serai plus avec vous. Combien de fois ne voyons-nous pas des gens déclarer, après le décès d’un être cher, regretter avoir omis de dire à un proche à quel point ils l’appréciaient et ils l’aimaient. N’attendons point qu’il soit trop tard, manifestons dès maintenant notre reconnaissance envers Dieu et envers les autres, notre monde deviendra meilleur et nous avec lui. Il est d’ailleurs fort révélateur que l’on considère, en gestion des ressources humaines, la reconnaissance comme ce qui motive le plus les employés même si l’on déplore que les gestionnaires font trop peu usage d’un outil à la fois si puissant et qui coûte si peu.