Méditations sur les enseignements bibliques pour le quotidien d'aujourd'hui
12 Février 2012 Parole du jour
Signe et foi
Les pharisiens survinrent et se mirent à discuter avec Jésus : pour le mettre à l'épreuve, ils lui demandaient un signe venant du ciel. Jésus soupira au plus profond de lui-même et dit : « Pourquoi cette génération demande-t-elle un signe ? Amen, je vous le déclare : aucun signe ne sera donné à cette génération. »
Marc 8, 11-12
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La foi des requérants (celle de ceux qui demandent et qui ne sont pas nécessairement les bénéficiaires des demandes, les uns pouvant intercéder pour les autres), constitue un préalable, une condition essentielle à ce que puisse survenir le signe. La foi comme le signe sont dons gratuits de Dieu. Ils ne peuvent s’acheter tout comme l’amour qui est à leur origine et dont ils sont la manifestation. Lorsque quelqu’un cherche à monnayer l’amour donné ou reçu on ne parle d’ailleurs plus d’amour mais d’une contrefaçon de l’amour que l’on nomme prostitution. Dieu, qui est Amour (1 Jn 4, 8), se refuse à un tel marchandage. Celui qui propose à Dieu de monnayer le signe à survenir par la promesse de croire en Lui en retour, risque de se faire opposer une fin de non recevoir comme le note Marc : aucun signe ne sera donné à cette génération. Jésus aurait-il acquiescé à leur demande, qu’il y a lieu de se demander quel signe aurait été suffisamment éloquent pour qu’ils consentent à croire. Jésus ne venait-il pas de réaliser une deuxième multiplication des pains ? N’a-t-il pas réalisé un grand nombre de signes, purifié des lépreux, expulsé des esprits mauvais, ressuscité un mort… sans que jamais cela ne s’avère suffisant pour que certains qui se refusaient à croire décident de changer d’opinion ?
Le seul cas que je connaisse dans les Écritures où le « manque de foi » semble avoir été récompensé est celui de l’apôtre Thomas à qui il a été donné de voir le Christ ressuscité après qu’il ait dit : « Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt dans la marque des clous, et si je ne mets pas ma main dans son côté, je ne croirai pas » (Jn 20, 25). Mais encore là faut-il faire attention car ce n’est pas tant l’existence de Dieu que Thomas met en doute que le témoignage des autres disciples. Loin d’être un défi posé à Dieu, les propos de Thomas doivent plus être interprétés dans le sens : « Les gars, je vois clair dans votre jeu. Vous êtes en train de faire une blague à mes dépens, de chercher à profiter de ma crédulité ! » Quand Jésus se présente à lui huit jours plus tard et l’interpelle : « Porte ton doigt ici: voici mes mains; avance ta main et mets-la dans mon côté, et ne deviens pas incrédule, mais croyant » (Jn 20, 27) Thomas adhère immédiatement au Ressuscité, sans avoir recours au toucher qu’il avait pourtant posé comme condition préalable pour croire en Lui, et confesse sa foi : « Mon Seigneur et mon Dieu! » (Jn 20, 28). Et Jésus de conclure : « Parce que tu me vois, tu crois. Heureux ceux qui n'ont pas vu et qui ont cru » (Jn 20, 29). Certains objecteront que voir c’est croire, mais faut-il rappeler que certains, même après avoir vu les signes, se refuseront toujours à croire et que l’adhésion à Dieu demeurera toujours hors de leur portée, la claire vision appartenant à un autre monde : « Tu ne peux pas voir ma face, car l'homme ne saurait me voir et vivre » (Ex 33, 20).