Théorie et pratique

 Cette citation de Diane Ravitch reflète bien la pensée moderne qui accorde la préséance au savoir sur l’expérience. Je trouve cependant dommage que l’on écarte des postes décisionnels des artisans possédant une vaste expérience et un sens pratique éprouvé pour les confier même, à l’occasion, à des jeunes inexpérimentés mais ayant effectué de longues études. Ceux qui agissent de la sorte se privent parfois de placer leurs meilleurs éléments à des postes de gestion, diriger des hommes ayant plus à voir avec l’expérience qu’avec les diplômes. Je me rappelle, dans un emploi antérieur, avoir vu plusieurs jeunes ingénieurs passer dans l’entreprise, répéter les mêmes erreurs que ceux qui les avaient précédés, ayant refusé de croire les travailleurs expérimentés qui leur disaient pourtant que ce qu’ils proposaient avait déjà été essayé en vain, tellement était grande leur foi en leur science.

Dans le domaine spirituel, ce ne sont pas les connaissances qui importent mais l’amour effectif de Dieu et du prochain, l’un n’allant pas sans l’autre : « Aimons-nous les uns les autres, puisque l'amour est de Dieu et que quiconque aime est né de Dieu et connaît Dieu. Celui qui n'aime pas n'a pas connu Dieu, car Dieu est Amour. En ceci s'est manifesté l'amour de Dieu pour nous: Dieu a envoyé son Fils unique dans le monde afin que nous vivions par lui. En ceci consiste l'amour: ce n'est pas nous qui avons aimé Dieu, mais c'est lui qui nous a aimés et qui a envoyé son Fils en victime de propitiation pour nos péchés. Bien-aimés, si Dieu nous a ainsi aimés, nous devons, nous aussi, nous aimer les uns les autres. Dieu, personne ne l'a jamais contemplé. Si nous nous aimons les uns les autres, Dieu demeure en nous, en nous son amour est accompli. Si quelqu'un dit: "J'aime Dieu" et qu'il déteste son frère, c'est un menteur: celui qui n'aime pas son frère, qu'il voit, ne saurait aimer le Dieu qu'il ne voit pas » (1 Jn 4, 7-12.20). Quant aux savants de son époque, les scribes et les pharisiens, Jésus ne leur adresse pas de reproches quant à leurs connaissances mais au sujet de la vanité qui en découle « En tout ils agissent pour se faire remarquer des hommes » (Mt 23, 5) et de leur manque d’amour : « Malheur à vous, scribes et Pharisiens hypocrites, qui acquittez la dîme de la menthe, du fenouil et du cumin, après avoir négligé les points les plus graves de la Loi, la justice, la miséricorde et la bonne foi; c'est ceci qu'il fallait pratiquer, sans négliger cela. » (Mt 23, 23). Quelle espérance de savoir que le Royaume de Dieu est accessible à tous, la clé n’étant pas la connaissance mais l’ouverture du cœur, celle-ci étant souvent une caractéristique des plus défavorisés car ils n’ont pas de quoi s’enorgueillir alors que la vanité constitue le principal obstacle à l’amour. Ceci fait dire à Jésus : « Je te bénis, Père, Seigneur du ciel et de la terre, d'avoir caché cela aux sages et aux intelligents et de l'avoir révélé aux tout-petits. » (Lc 10, 21).