Jamais trop tard

Il n’est jamais trop tard pour bien faire affirme le proverbe. Quoi que nous ayons fait auparavant, nous avons toujours, maintenant, l’opportunité de nous décider à faire le bien auquel nous sommes appelés. Rien n’est immuable jusqu’à ce que nous ayons rendu notre dernier souffle. Et encore, oserais-je dire, d’autres peuvent-ils redresser après notre départ ce que nous avons pu fausser. Ainsi, ai-je eu connaissance de conjoints qui ont distribué à des œuvres charitables une grande part de la fortune mal acquise qui leur avait été léguée.

La religion chrétienne, de par sa foi en un Dieu Amour, de par la confiance inébranlable qu’elle met en sa miséricorde et par le pouvoir que Jésus a légué à ses disciples (et à ceux qui leur ont succédé) de remettre les fautes « Recevez l'Esprit Saint. Tout homme à qui vous remettrez ses péchés, ils lui seront remis » (Jn 20, 22-23), cette religion est celle de l’espérance, celle du jamais trop tard. Cette espérance se fonde également sur les paroles de Jésus en croix qui dit au Larron crucifié à ses côtés « En vérité, je te le dis, aujourd'hui tu seras avec moi dans le Paradis » (Lc 23, 42) pour le seul motif d’avoir reconnu ses fautes et la royauté du Christ alors même qu’Il vivait son plus grand abaissement. Tout au long de l’histoire, durant la vie de Jésus et encore aujourd’hui, Dieu appelle constamment l’homme à aimer et à faire le bien. Cet appel n’est pas réservé à quelques privilégiés mais est universel : « Je suis venu appeler non pas les justes mais les pécheurs » (Mt 9, 13) réplique Jésus à ceux qui lui reprochent de partager le repas avec les publicains et les pécheurs. L’opulence semble par ailleurs endurcir l’oreille de ceux qu’elle favorise tel qu’en fait foi ce vibrant appel transmis par le prophète Aggée et qui peut si bien s’appliquer à notre situation contemporaine : « Voilà ce que dit le Seigneur : Et pour vous, est-ce bien le temps d'être installés dans vos maisons luxueuses, alors que ma Maison est en ruines ? Et maintenant, ainsi parle le Seigneur de l'univers : Réfléchissez à votre situation : vous avez semé beaucoup, mais récolté peu ; vous mangez, mais sans être rassasiés ; vous buvez, mais sans être désaltérés ; vous vous habillez, mais sans avoir chaud ; et l'ouvrier qui a gagné son salaire n'a pour le mettre qu'une bourse trouée. Ainsi parle le Seigneur de l'univers : Réfléchissez à ce que vous devez faire. » (Ag 1, 4-7). Qu’importe le passé, il est toujours temps de se tourner vers le Bien. Il suffit de répondre « Me voici » à la suite d’Abraham (Gn 22, 1), de Jacob (Gn 31, 11), de Moïse (Ex 3, 4), de Samuel (1 S 3, 4), d’Isaïe (Is 6, 8) et de nombreux autres au fil de l’histoire dont les apôtres.