Jugements

Après que David eut commis l’adultère puis le meurtre, Dieu envoie le prophète Nathan lui reprocher sa conduite. À une époque où l’on pouvait mettre un terme à l’existence du messager si la teneur du propos déplaisait, on peut comprendre à quel point la mission du prophète était délicate. Que Dieu lui ait suggéré ou qu’il ait décidé de son propre chef de la stratégie à adopter pour y parvenir, il n’en demeure pas moins que celui qui a décidé du plan d’attaque était un fin connaisseur de la nature humaine. Nathan rapporte à David ce qui a les allures d’un fait divers où un riche abuse de son pouvoir pour dépouiller un pauvre. Et David, n’y voyant que du feu, tombe dans le panneau et condamne sévèrement la conduite du riche ouvrant toute grande la porte à Nathan pour lui reprocher une conduite qui était sienne : Cet homme, c'est toi ! … À ce moment précis, combien David aurait-il souhaité ravaler les paroles malheureuses qu’il venait de prononcer! En jugeant sévèrement, David appelait sur lui la condamnation. Se fut-il montré compatissant, qui sait si sa peine n’eût été beaucoup moindre, le seul fait de reconnaître sa faute, lui ayant épargné une mort qu’il avait pourtant lui-même appelée sur celui qui se rendait coupable d’un tel délit : David dit à Nathan : « J'ai péché contre le Seigneur ! » Nathan lui répondit : « Le Seigneur a pardonné ton péché, tu ne mourras pas. Cependant… » (2 S 12, 13) les fautes commises et le jugement prononcé de façon hâtive ne demeureront pas sans effets.

Abstenons-nous de porter des jugements de peur de nous juger nous-mêmes dès à présent et pour l’éternité ! « Ne jugez pas, afin de n'être pas jugés; car, du jugement dont vous jugez on vous jugera, et de la mesure dont vous mesurez on mesurera pour vous. Qu'as-tu à regarder la paille qui est dans l'œil de ton frère? Et la poutre qui est dans ton œil à toi, tu ne la remarques pas! Ou bien comment vas-tu dire à ton frère: Laisse-moi ôter la paille de ton œil, et voilà que la poutre est dans ton œil ! Hypocrite, ôte d'abord la poutre de ton œil, et alors tu verras clair pour ôter la paille de l'œil de ton frère » (Mt 7, 1-5). Malheureusement, trop souvent c’est notre fonds mauvais que nous jugeons quand nous nous avançons sur le terrain glissant du jugement et cela est d’autant plus vrai si ce sont des intentions que nous prêtons à autrui car, dans ce cas, nous imputons ce qui aurait été nos propres motifs si nous avions été à la place de celui dont nous scrutons la conduite. Efforçons-nous de mettre en pratique dès aujourd’hui ce sage conseil de Jésus : « Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux. Ne jugez pas, et vous ne serez pas jugés ; ne condamnez pas, et vous ne serez pas condamnés. Pardonnez, et vous serez pardonnés » (Lc 6, 36-37).  À défaut d’avoir bien agi, rachetons-nous en nous montrant cléments envers autrui, ce qui est moins difficile à accomplir, pour peu que nous ayons un minimum d’humilité !