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Méditations sur les enseignements bibliques pour le quotidien d'aujourd'hui

Laisser le temps faire son oeuvre

 

Laisser le temps faire son oeuvre

 

« Hommes d'Israël, faites bien attention à la décision que vous allez prendre envers ces hommes. Il y a quelque temps, on a vu surgir Theudas ; il prétendait être quelqu'un, et quatre cents hommes environ s'étaient ralliés à lui ; il a été tué, et tous ses partisans ont été mis en déroute et réduits à rien. Après lui, à l'époque du recensement, on a vu surgir Judas le Galiléen qui a entraîné derrière lui une foule de gens. Il a péri lui aussi, et tous ses partisans ont été dispersés. Eh bien, dans la circonstance présente, je vous le dis : ne vous occupez plus de ces gens-là, laissez-les. Car si leur intention ou leur action vient des hommes, elle tombera. Mais si elle vient de Dieu, vous ne pourrez pas les faire tomber. Ne risquez donc pas de vous trouver en guerre contre Dieu. »

 

Actes des Apôtres 5, 35-39

 

 

Gamaliel donne un sage conseil à ses confrères pharisiens : laissez le temps agir ; si leur intention ou leur action vient des hommes, elle tombera. Mais si elle vient de Dieu, vous ne pourrez pas les faire tomber. La durabilité, l’éternité, est une caractéristique divine. L’éphémère caractérise l’homme et son activité ne serait-ce que par la durée limitée de son existence : « Voici, tu as donné à mes jours une largeur de main, et ma durée n'est presque rien devant toi. Oui, tout homme solide n'est que du vent! Oui, l'homme va et vient comme un reflet! Oui, son agitation c'est du vent! Il entasse, et ne sait qui ramassera » (Ps 39, 6-7). Par contre, rien ne saurait contrecarrer les plans de Dieu, tout au plus ceux qui s’y opposent viennent-ils troubler son projet de salut pour le plus grand nombre et ralentir sa réalisation quoiqu’il arrive que les actions de ceux-ci aient l’effet inverse de celui escompté et que leur obstruction accélère ce qu’ils tentent d’empêcher. Le Christ ressuscité démontre que rien, pas même la mort, n’empêche le plan de Dieu de se réaliser : « Où est-elle, ô mort, ta victoire? Où est-il, ô mort, ton aiguillon? » (1 Co 15, 55). La persécution et la dispersion de ceux qui croyaient en Jésus après la mort de ce dernier, loin d’empêcher la proclamation de la Bonne Nouvelle du salut, en a étendu l’auditoire : « Ceux-là donc qui avaient été dispersés s'en allèrent de lieu en lieu en annonçant la parole de la Bonne Nouvelle » (Ac 8, 4). Le sang des martyrs n’est pas demeuré lui non plus sans effet au cours des siècles et s’est révélé un terreau fécond pour l’accroissement du nombre des croyants.

 

L’Église, se fondant sur l’avis de Gamaliel, fait preuve de prudence et est très lente avant de se prononcer sur l’origine surnaturelle de phénomènes apparemment inexplicables. Il n’y a en effet que le temps et les fruits portés qui permettent de porter un jugement éclairé sur des événements dépassant la raison. S’il s’agit de supercherie, le secret finira tôt ou tard par être éventré car il n'y a rien de secret qui ne doive être mis au jour, et rien n'a été caché qui ne doive venir au grand jour (Mc 4, 22). Il y a notamment lieu de demeurer perplexe devant les gens qui se disent récipiendaires de messages annonçant une fin prochaine des temps. Jésus, lui-même, affirme ignorer quand cet événement surviendra : « Quant à la date de ce jour, et à l'heure, personne ne les connaît, ni les anges des cieux, ni le Fils, personne que le Père, seul » (Mt 24, 36). La semaine dernière je suis tombé par hasard sur un blogue où quelqu’un se portait à la défense d’une déclaration imputée à une source surnaturelle qui affirmait il y a quelques décennies qu’il ne devait plus y avoir que trois papes avant la fin et expliquait qu’il ne fallait pas compter le règne de Jean-Paul Ier en raison de sa brièveté. Cela m’apparaît une discussion bien futile. Je crois personnellement qu’il y a à craindre que le temps qui nous est personnellement alloué arrive à son terme plus que le temps alloué à tous arrive simultanément à terme : « Si tu ne veilles pas, je viendrai comme un voleur sans que tu saches à quelle heure je te surprendrai » (Ap 3, 3). Le Dieu qui a dit à Abraham qu’il était prêt à faire grâce à une ville entière s’il y trouvait seulement dix justes ne fera-t-il pas grâce à un monde qui compte des millions de personnes qui lui sont encore fidèles ? Le fait qu’il ne se passe rien dans les délais prévus, si cela constitue un indice incitant à la prudence, ne veut pas dire nécessairement que les avertissements communiqués n’étaient pas véridiques. À preuve Jonas qui s’est irrité contre Dieu après qu’il eut décidé de renoncer au châtiment dont Il avait menacé Ninive après que ses habitants se furent détournés de leur conduite mauvaise.

 

Laissons donc le temps faire son œuvre ! S’il s’agit d’une action inspirée par Dieu, elle portera du fruit en son temps et ce fruit demeurera. Sinon, si l’intention ou l’action vient des hommes, elle tombera. Surtout, évitons, d’une part, de reprocher aux autorités ecclésiastiques de se traîner les pieds et de prendre tout le temps nécessaire pour se prononcer et, d’autre part, d’entretenir une crainte servile face à des prophéties de fin imminente des temps ! Profitons pleinement du temps de grâce mis à notre disposition pour aimer Dieu et le prochain et contribuer ainsi, même de façon imparfaite, à l’avènement de son Royaume et de sa justice (Mt 6, 33), préparation essentielle pour qui veut y accéder et en jouir en plénitude pour l’éternité.

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