Vérité et liberté

La vérité, en son sens premier qui est la conformité au réel, libère celui qui s’en fait le serviteur car il n’a d’autre souci que de dire les choses comme elles sont ou serait-il plus précis de dire comme il les perçoit, sa perception pouvant ne pas être parfaitement juste, auquel cas il aura tôt fait de corriger sa version lorsque des lumières supplémentaires viendront l’éclairer. Par opposition, celui qui vit dans le mensonge devient esclave de celui-ci car il faut généralement plusieurs fausses affirmations pour en couvrir une seule et le mensonge devient une structure complexe à maintenir quand il ne parvient pas tout simplement à égarer celui qui en fait usage et qui peut en arriver à ne plus différencier entre le réel et la structure qu’il a ébauchée.

La vérité est également conformité de l’être à sa nature. La vérité est immuable, la nature d’un être ou d’une chose ne pouvant changer, malgré que notre perception de celle-ci puisse évoluer dans le temps. On associe Dieu à la Vérité car Lui seul EST de toute éternité le principe de toute chose. Jésus, Parole du Père, Verbe fait chair (Jn 1, 14), est venu dans le monde, que pour rendre témoignage à la vérité (Jn 18, 37), révéler la nature de Dieu qui est Amour (1 Jn 4, 8). L’Amour est à l’origine de notre existence et le terme vers lequel nous sommes appelés, c’est l’image et la ressemblance de Dieu (Gn 1, 26) qui est gravée en notre nature et, par conséquent, la seule source de bonheur durable, le bonheur ne pouvant se trouver que dans la conformité à notre nature, dans la vérité. L’amour est la mesure de tout : « si je n'ai pas la charité… je sonne creux… je ne suis rien… cela ne me sert de rien » (1 Co 13, 1-3).

Cette vérité que l’Amour est l’unique but de notre existence nous libère de faire des créatures une fin alors qu’elles ne sont que des moyens, d’en devenir des esclaves en s’employant à en acquérir davantage dans l’espoir de trouver dans leur possession un bonheur qui ne réside que dans le don que nous pouvons en faire par amour. La révélation par Jésus de la primauté de l’amour a également été libératrice au plan spirituel, le croyant devant dorénavant conformer sa conduite à l’esprit de la Loi plutôt que de se préoccuper de règles dont le respect ne garantissait même pas d’arriver à la fin qui était leur objectif, à savoir l’amour. Mieux encore, l’amour, par la dynamique qui lui est propre, permet non seulement de respecter les règles, les exigences minimales de l’amour, mais de les dépasser : « Il a été dit… moi, je vous dis… » (Mt 5, 21-22, 27-28, 31-48), d’accomplir la Loi et les Prophètes (Mt 5, 17) de réaliser plus pleinement et avec moins d’efforts l’objectif vers lequel la Loi ancienne tendait : « Venez à moi, vous tous qui peinez et ployez sous le fardeau, et moi je vous soulagerai. Chargez-vous de mon joug et mettez-vous à mon école, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez soulagement pour vos âmes. Oui, mon joug est aisé et mon fardeau léger » (Mt 11, 28-30). Le joug de Jésus est l’amour, au service duquel nous devons nous mettre pour trouver liberté et bonheur.