Heureux les serviteurs que le maître trouvera en train de veiller

Un danger guette les croyants, particulièrement ceux qui sont mus par d’autres considérations que l’Amour, par autre chose que l’Esprit d’Amour : la pensée d’en avoir assez fait pour accéder au Royaume éternel et, conséquemment de pouvoir se reposer, de pouvoir cesser de rendre disponible leur personne pour que Dieu vienne aimer en eux et à travers eux. Jésus nous incite à veiller tout au long des Évangiles notamment dans la parabole des vierges folles et des vierges sages (Mt 25, 1-13). Il y a deux raisons à cela. D’abord, rien n’est joué avant de rendre notre dernier souffle. Ce sera notre translucidité à l’Amour de Dieu à ce moment précis et à nul autre de notre existence qui scellera notre sort pour l’éternité. Nous devons tout faire pour devenir en bon « état », en état de grâce (la capacité d’accueillir l’Amour et de Le redistribuer étant fondamentalement une grâce), et le demeurer, particulièrement en fréquentant régulièrement le sacrement de Réconciliation afin de restaurer notre capacité à accueillir l’Amour atrophiée par le péché. D’autre part, l’amour ne connaît pas le repos, notre modèle se trouvant dans le Christ, « Jésus, sachant que son heure était venue de passer de ce monde vers le Père, ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu'au bout. » (Jn 13, 1), l’amour étant pardon, il pardonna à ceux qui l’avaient mis à mort avant de rendre son dernier souffle : « Père, pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu’ils font. » (Lc 23, 33)

Que dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle ? (Lc 10, 25)

Je veille, je me tiens disponible en tout temps pour offrir la possibilité au Seigneur de manifester à travers moi son amour de manière tangible au monde qui m’entoure. Je n’impose pas de limite à l’amour que Dieu souhaite voir transiter à travers moi, la mesure de l’amour étant d’aimer sans mesure (Augustin d’Hippone). Je fais mien le motto du curé d’Ars : « j’aurai toute l’éternité pour me reposer. »