Nous sommes de simples serviteurs : nous n’avons fait que notre devoir

Quand vous aurez exécuté tout ce qui vous a été ordonné, ce qui nous a été ordonné c’est d’aimer :

"Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit: voilà le plus grand et le premier commandement. Le second lui est semblable: Tu aimeras ton prochain comme toi-même. À ces deux commandements se rattache toute la Loi, ainsi que les Prophètes." (Mt 22, 37-40)

Aimer, donner sans aucune attente d’être payé de retour, va à l’encontre de notre nature charnelle qui, poussée par l’instinct de conservation, est encline à penser d’abord et avant tout à elle-même. Si nous dépassons le stade de la recherche de l’intérêt personnel pour prioriser le bien commun, le bien d’autrui, c’est qu’il existe une loi autre que celle de la chair qui s’exprime en nous et nous y incline. Personne n’est capable de dire : « Jésus est Seigneur » sinon dans l’Esprit Saint (1 Co 12, 3), à plus forte raison de désirer et accomplir le souverain bien qu’est l’amour. C’est le même Dieu qui agit en tout et en tous. Â chacun est donnée la manifestation de l’Esprit en vue du bien. ( 1 Co 12, 6-7) Si nous aimons c’est que Dieu nous y invite personnellement par son Esprit d’Amour dans le secret de notre cœur, non seulement nous y invite-t-Il, mais encore nous en donne-t-Il les moyens par le secours de sa grâce. Quand nous aimons, c’est Dieu qui aime à travers nous. Tout ce que nous avons à faire, c’est de consentir à Le laisser agir et aimer par notre entremise. Aussi n’avons-nous pas à nous enorgueillir d’avoir posé un geste d’amour, à tenir Dieu redevable à notre égard, car c’est Lui qui a tout fait : inspiré d’aimer, procuré les moyens de le faire et, enfin, fécondé notre action pour qu’elle porte tous les fruits de l’amour qu’Il espérait en retirer. D’où la sage recommandation de Jésus : « De même vous aussi, quand vous aurez exécuté tout ce qui vous a été ordonné, dites : “Nous sommes de simples serviteurs : nous n’avons fait que notre devoir.” » Jésus aurait pu donner sa mère et notre mère en exemple pour illustrer son propos, elle qui, après s’être vue confier l’insigne privilège de voir l’Amour prendre physiquement chair en son sein s’exprimait ainsi : « Je suis la servante du Seigneur, qu’Il m’advienne selon ta parole » (Lc 1, 38), une Parole qui, parce qu’elle est issue de la bouche de Dieu, a la capacité de réaliser ce qu’elle signifie.

Que dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle ? (Lc 10, 25)

Je prends conscience de ma totale dépendance de Dieu pour accomplir quelque bien que ce soit : « car hors de moi vous ne pouvez rien faire » (Jn 15, 5) Je rends grâce à Dieu pour tout l’amour qu’Il exprime par mon entremise, par l’entremise des autres croyants et même par celle des incroyants à travers lesquels Il agit et aime également même s’ils n’en ont pas conscience.