Le-Seigneur-est-notre-justice

Voici venir des jours – oracle du Seigneur–, où je susciterai pour David un Germe juste : il régnera en vrai roi, il agira avec intelligence, il exercera dans le pays le droit et la justice. En ces jours-là, Juda sera sauvé, et Israël habitera en sécurité. Voici le nom qu’on lui donnera : « Le-Seigneur-est-notre-justice. » C’est pourquoi, voici venir des jours – oracle du Seigneur – où, pour prêter serment, on ne dira plus : « Par le Seigneur vivant, qui a fait monter du pays d’Égypte les fils d’Israël », mais : « Par le Seigneur vivant, qui a fait monter du pays du nord les gens de la maison d’Israël, qui les a ramenés de tous les pays où il les avait chassés. » Car ils demeureront sur leur sol.

Livre de Jérémie 23,5-8.

Traduction Liturgique de la Bible - © AELF, Paris

Un rejeton sortira de la souche de Jessé, un surgeon poussera de ses racines. Sur lui reposera l'Esprit de Yahvé, esprit de sagesse et d'intelligence, esprit de conseil et de force, esprit de connaissance et de crainte de Yahvé: son inspiration est dans la crainte de Yahvé. Il jugera mais non sur l'apparence. Il se prononcera mais non sur le ouï-dire. Il jugera les faibles avec justice, il rendra une sentence équitable pour les humbles du pays. Il frappera le pays de la férule de sa bouche, et du souffle de ses lèvres fera mourir le méchant. La justice sera la ceinture de ses reins, et la fidélité la ceinture de ses hanches. (Is 11, 1-5)

Jérémie prophétise lui aussi la venue du Messie en des termes qui s’apparentent à ceux utilisés par Isaïe. L’originalité de Jérémie est dans le nom qu’il donne à ce Messie à venir : Le-Seigneur-est-notre-justice. Le nom, dans la culture de l’époque, décrivait la nature ou la mission de ce qu’il servait à identifier. Le Christ est notre justice, au sens légal du terme, en ce qu’Il a payé de sa propre vie le prix pour le rachat de nos péchés : « C'est ainsi que le Fils de l'homme n'est pas venu pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour une multitude. » (Mt 20, 28) Incarnation et rédemption sont donc intimement liées.

On pourrait s’arrêter à cette vision mondaine de la justice et ce serait déjà beaucoup. Mais il y a plus ! Dans l’esprit biblique justice et amour sont synonymes, car ce qui est juste, ce qu’il convient de faire pour l’homme, c’est de manifester l’image du Dieu Amour à laquelle il a été créé. Dans cette perspective, Le-Seigneur-est-notre-amour. Tout amour prend sa source dans le Dieu qui est Amour. La nouveauté introduite par l’Incarnation du Verbe et la mort de Jésus-Christ sur la croix, c’est qu’Il nous a légué en héritage l’Esprit Saint, cet Esprit qui reposait sur le Christ et qui vient dorénavant aimer en ceux et à travers ceux qui Lui ouvrent la porte de leur cœur, de sorte que ce ne sont plus eux qui aiment, mais le Seigneur en eux et à travers eux. On retrouve cette vision dans Ézéchiel : « Je leur donnerai un seul cœur et je mettrai en eux un esprit nouveau: j'extirperai de leur chair le cœur de pierre et je leur donnerai un cœur de chair, afin qu'ils marchent selon mes lois, qu'ils observent mes coutumes et qu'ils les mettent en pratique. Alors ils seront mon peuple et moi je serai leur Dieu. » (Éz 11, 19-20)

Si l’on poursuit la lecture de Jérémie, on tombe sur une autre prophétie qui vient compléter, expliquer, la première en faisant état des deux sens dans lesquels on peut envisager Le-Seigneur-est-notre-justice :

« Voici venir des jours -- oracle de Yahvé -- où je conclurai avec la maison d'Israël une alliance nouvelle. Je mettrai ma Loi au fond de leur être et je l'écrirai sur leur cœur. Alors je serai leur Dieu et eux seront mon peuple. Tous me connaîtront, des plus petits jusqu'aux plus grands -- oracle de Yahvé -- parce que je vais pardonner leur crime et ne plus me souvenir de leur péché. » (Jr 31, 31.33-34)

Que dois-je faire pour avoir en héritage la vie éternelle ? (Lc 10, 25)

Je prépare mon cœur à accueillir Le-Seigneur-est-notre-amour, l’Esprit que Jésus, Dieu-sauve, est venu apporter dans le monde, alors que s’approche le jour où nous commémorons la venue du Verbe dans la chair, point de basculement dans l’Histoire.