Théorie et pratique

Il y a une marge entre la théorie et la pratique : un espace où il faut effectuer des choix coûteux, des renoncements à consentir en raison de cours d’action également attrayants, des sacrifices à s’imposer pour que l’idéal poursuivi puisse devenir réalité.

L’obligation de choisir est ce qui dote de sens la vie de l’homme, lui donne sa saveur, sa valeur. Bien qu’en théorie nous aspirions tous à la félicité éternelle, nous nous laissons séduire dans notre quotidien par les attraits du mal, l’amour-propre prenant occasionnellement le dessus sur l’amour d’autrui. Là se situe le combat spirituel où il faut se faire violence à soi-même, réfréner l’égoïsme de notre nature en faveur du bien commun, pour aspirer à la couronne impérissable (1 Co 9, 25) : le Royaume des Cieux souffre violence, et des violents s'en emparent (Mt 11,12).

L’obligation fondamentale de choisir entre le bien et le mal et de mettre en pratique est soulignée dès le début de la Bible : « Je te propose aujourd'hui de choisir ou bien la vie et le bonheur, ou bien la mort et le malheur.  Écoute les commandements que je te donne aujourd'hui : aimer le Seigneur ton Dieu, marcher dans ses chemins, garder ses ordres, ses commandements et ses décrets. Alors, tu vivras et te multiplieras ; le Seigneur ton Dieu te bénira dans le pays dont tu vas prendre possession.  Mais si tu détournes ton cœur, si tu n'obéis pas, si tu te laisses entraîner à te prosterner devant d'autres dieux et à les servir,  je te le déclare aujourd'hui : certainement vous périrez, vous ne vivrez pas de longs jours sur la terre dont vous allez prendre possession »  (Dt 30, 15-18). Cette mort prématurée, promise à ceux qui transgressaient les commandements de l’Amour, a pu sembler bien théorique depuis des siècles. Elle est cependant en voie de devenir réalité alors que la surconsommation effrénée et égoïste de l’homme moderne est en train de transformer la terre en un milieu inhospitalier pour la vie.