Aimer

L’amour véritable, gratuit, ne se manifeste pas quand tout va bien mais quand l’autre est en position de faiblesse et qu’assurément il ne pourra nous rendre le bien que nous lui aurons fait. On dit d’ailleurs que ce n’est que lorsque la bonne fortune nous tourne le dos que l’on découvre ses véritables amis, ceux qui demeureront là au moment où nous en aurons le plus besoin.

Jésus fait de l’amour le cœur de la spiritualité : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit. Voilà le grand, le premier commandement. Et voici le second, qui lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Tout ce qu'il y a dans l'Écriture - dans la Loi et les Prophètes - dépend de ces deux commandements » (Mt 22, 37-40). Rien d’étonnant à cela puisque Dieu est Amour (1 Jn 4, 8) ! Il va de soi que celui qui désire lui rendre un culte accueille cet amour et le répande autour de lui conformément à la volonté divine. Attention cependant ! Alors que nous sommes naturellement inclinés à faire du bien et à aimer ceux qui font de même avec nous, Jésus nous invite à dépasser ce cercle restreint et à aimer quiconque sans distinction, même les ennemis, à l’image du Père céleste qui fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et tomber la pluie sur les justes et sur les injustes (Mt 5, 45) : « Eh bien! moi je vous dis: Aimez vos ennemis, et priez pour vos persécuteurs… Car si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle récompense aurez-vous? Les publicains eux-mêmes n'en font-ils pas autant? Et si vous réservez vos saluts à vos frères, que faites-vous d'extraordinaire? Les païens eux-mêmes n'en font-ils pas autant? Vous donc, vous serez parfaits comme votre Père céleste est parfait (Mt 5, 44.46-48). L’amour manifesté à l’autre au moment où cela nous répugne le plus, est probablement celui qui portera le plus de fruit car comme le dit le proverbe, c’est à ce moment que l’autre en a le plus de besoin, son attitude agressive, ses paroles blessantes ou autres gestes de nature similaire manifestant son « mal-être », sa soif inassouvie d’amour.