Méditations sur les enseignements bibliques pour le quotidien d'aujourd'hui
16 Février 2011 Pensées
Attentes
It is meet not to expect too much of others.
– Somerset Maugham (1874-1965)
Il convient de ne pas trop attendre des autres.
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Cette déclaration est à la fois vraie et fausse. Elle est véridique en ce qu’étant humains nous avons tous notre lot d’imperfections et que nous finirons inévitablement par décevoir les attentes que nous avons suscitées consciemment ou non chez les autres. Par contre, l’incapacité des autres à s’élever au degré de perfection que nous souhaiterions les voir atteindre et la déception potentielle que nous en éprouverons ne doivent pas nous empêcher de placer des attentes élevées dans les autres puisqu’il s’agit là d’un formidable incitatif pour eux au dépassement personnel car nous pouvons être sûrs qu’ils feront généralement le maximum pour satisfaire les espoirs placés en eux. Cependant, il est malsain d’attendre pour soi-même des choses des autres que ce soit le bonheur, de la reconnaissance, la réalisation de nos rêves (particulièrement par nos enfants)… car tout défaut de l’autre à combler ce qui est attendu de lui contaminera inévitablement la relation qui nous unit à lui. Je me souviens d’avoir lu le témoignage d’une femme qui déclarait que sa vie de couple s’était grandement améliorée le jour où elle avait cessé d’attendre que son conjoint lui procure le bonheur et où elle s’était tournée vers l’Unique qui ne déçoit point en raison de sa Perfection, à savoir Dieu.
Ne nous privons donc pas de placer des attentes élevées dans les autres à l’image de Dieu qui, malgré la connaissance des limites inhérentes à notre nature, s’attend au meilleur de nous : « Vous donc, soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait » (Mt 5, 48). Toutefois, évitons soigneusement d’escompter recevoir d’eux un bénéfice personnel quelconque puisque tout défaut à livrer celui-ci altérera la relation qui nous unit à eux. Cet autre soit-il le Tout-Autre, Dieu, il faut éviter de placer des attentes irréalistes en Lui, non qu’Il n’ait la capacité de le faire étant omnipotent, mais parce que cela ne fait pas partie de son plan de salut sur nous et sur l’humanité, que ce que nous demandons n’est pas avantageux pour notre vie spirituelle ou celle des autres. Ainsi, sent-on une grande déception à l’égard de Jésus de la part des Juifs qui attendaient un Messie qui leur apporterait un pouvoir politique leur permettant de dominer sur leurs ennemis, ce qui explique les commentaires sarcastiques entendus au pied de la croix : « Sauve-toi toi-même, si tu es fils de Dieu, et descends de la croix ! … Il en a sauvé d'autres et il ne peut se sauver lui-même! Il est roi d'Israël: qu'il descende maintenant de la croix et nous croirons en lui! Il a compté sur Dieu; que Dieu le délivre maintenant, s'il s'intéresse à lui! Il a bien dit: Je suis fils de Dieu! » (Mt 27, 40.42-43). Conséquemment, le croyant doit éviter d’espérer retirer des bénéfices tangibles de sa relation avec Dieu car il risque d’être déçu, Dieu cherchant l’amour, l’amour ne s’achetant pas avec des cadeaux. Cette déception risque de le conduire à l’incroyance à l’instar des contemporains de Jésus au pied de la croix.